Berlusconi s'enfonce un peu plus

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Aurélie Frex , modifié à
Depuis la révélation d’écoutes compromettantes, le Cavaliere est au cœur d’une affaire de prostitution.

Silvio Berlusconi est-il désormais au pied du mur ? Les dernières révélations de la presse italienne, qui le placent à nouveau au cœur d’une affaire de prostitution, sont en tout cas pour le moins embarrassantes, dans un contexte marqué par la crise de la dette et l’adoption d’un programme d’austérité en Italie. Vendredi, l’agence Ansa a révélé que le chef du gouvernement transalpin était impliqué dans un nouveau scandale de mœurs, lié à l’organisation de soirées osées dans les résidences du chef du gouvernement.

Des écoutes téléphoniques embarrassantes

Tout est parti de la publication dans la presse d’écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre d’une enquête sur une affaire de corruption, menée par la justice de Bari, dans le sud du pays. Ces enregistrements révèlent qu’au moins 30 jeunes femmes ont été amenées par le principal inculpé, Gianpaolo Tarantini, dans les résidences de Silvio Berlusconi, et une bonne partie se sont prostituées avec le chef du gouvernement entre 2008 et 2009.  

"Hier soir j'avais une file devant la porte, elles étaient onze, mais je m'en suis fait seulement huit parce que je n'en pouvais plus, on ne peut pas tout faire", déclare ainsi le Cavaliere le 1er janvier 2009 dans une conversation avec Gianpaolo Tarantini.  "Si tu as une, deux, trois filles à amener, ne les choisis pas trop grandes (...) parce qu'on n'est pas immenses", affirme encore le président du Conseil, âgé de 74 ans, dans une conversation.

Parlant avec une de ces jeunes femmes, Silvio Berlusconi affirme exercer le métier de chef du gouvernement à ses "heures perdues". "Vois-tu Marystell, à mes heures perdues je fais le chef du gouvernement et il m'arrive de tout", lance-t-il.

Berlusconi s’explique dans la presse

Peu avant la publication de ces écoutes, le Cavaliere avait écrit une lettre à un journal affirmant ne pas avoir honte car les faits, tels que rapportés par les médias italiens, ne correspondent pas à la réalité de son comportement. "Il est vrai, comme vous écrivez, que mon comportement, tel qu'il a été décrit ces derniers jours par les journaux, apparaît scandaleux. Mais mon comportement n'a absolument pas été celui décrit et je vous confirme (...) que je n'ai jamais rien fait dont je devrais avoir honte", écrit-il dans une lettre au directeur du quotidien Il Foglio.

Huit personnes, dont Gianpaolo Tarantini, ont été inculpées jeudi par la justice de Bari dans cette affaire.

L’opposition demande à nouveau sa démission

"Existe-t-il un seul motif compréhensible aux yeux du monde pour que Berlusconi reste au pouvoir?" s'est interrogé Pier Luigi Bersani, le chef du Parti démocrate. Les partisans de Gianfranco Fini, ancien allié du Cavaliere, ont réclamé la formation d'un nouveau gouvernement tandis que l'Italie des Valeurs, le parti centriste de l'ancien juge Antonio Di Pietro, appelle à des élections anticipées.   

Dimanche, le camp Berlusconi a répliqué que le président du Conseil n'avait nullement l'intention de démissionner. Pour le chef du gouvernement, il s'agit là, après le "Rubygate",  d'un nouveau complot de magistrats "communistes" et "anti-italiens" pour le mettre dans l'embarras. Un nouveau scandale de mœurs qui intervient alors que Silvio Berlusconi assiste lundi, à Milan, au procès Mills où il est accusé de corruption de témoin.