Benoît XVI : un pontificat et cinq polémiques

Le pape a annoncé lundi que son pontificat prendra fin le 28 février prochain.
Le pape a annoncé lundi que son pontificat prendra fin le 28 février prochain. © Reuters
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VIDÉO - Retour sur huit années passées à la tête du Vatican, marquées par plusieurs scandales.

Il renonce. Il n'a plus "les forces" de diriger l'Église, en raison de son "âge avancé". Le pape Benoît XVI démissionne jeudi. Le 11 février, l'annonce de sa décision avait surpris le monde entier. Retour en images sur un pontificat long de près de huit ans, qui aura été émaillé de vives polémiques et de quelques scandales. Retour en images.

L'islam et la violence. Le 12 septembre 2006, Benoît XVI prononce un discours à l'université de Ratisbone, en Allemagne. En citant un texte d'un empereur byzantin du XIVe siècle,  il dénonce la violence au nom de la religion dans une allusion indirecte à l'islam. Le monde musulman, déjà échaudé six mois plus tôt par l'affaire des caricatures de Mahomet, s'enflamme.

Huit jours plus tard, le pape revient sur ses déclarations en exprimant son "profond respect pour les grandes religions et en particulier pour les musulmans". Il regrette que ses propos "aient été malheureusement objet d'un malentendu, mais ne présente pas d'excuses formelles.

La pédophilie dans l’Église.  Quand Joseph Ratzinger accède à la tête de l’Église en 2005, les révélations sur des scandales de pédophilie par des hommes d’Église ont déjà pris de l'ampleur aux États-Unis.  En 2008, il est le premier pape à exprimer publiquement sa "honte" et à  rencontrer des victimes.

Maisle scandale est ravivé fin 2009 avec la révélation de centaines d'abus en Irlande, puis s'étend en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine. La protection des prêtres pédophiles par la hiérarchie fait scandale. Benoît XVI reconnaît  alors les "péchés" de l’Église et entreprend une opération "place nette", entraînant la démission de dizaines d'évêques. Lundi, un groupe de victimes irlandaises a salué sa décision de démissionner, estimant que Benoît XVI n'avait, malgré ses promesses, "rien fait" pour sanctionner les responsables.

Le préservatif et le sida. Le 17 mars 2009, Benoît XVI entame son premier voyage en Afrique. Dans l'avion qui l'emmène vers Yaoundé, au Cameroun, le pape s'exprime sur le fléau que représente le sida sur le continent. Ainsi, le pape estime que l'on ne peut pas "pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs". "Au contraire [leur] utilisation aggrave le problème", précise-t-il.

Benoît XVI reviendra sur le sujet du préservatif, de façon nettement plus nuancée, dans un livre intitulé "Lumière du monde",  paru en novembre 2010 : "dans certains cas, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement".  Par ces mots, Benoît XVI devient le premier souverain pontife à accepter l'usage du préservatif.  En revanche, il restera campé sur ses positions quant à l'avortement, estimant que "la liberté de tuer n'est pas une vraie liberté, mais une tyrannie qui réduit l'être humain en esclavage".

L'affaire Williamson. Le 24 janvier 2009, Benoît XVI annonce son intention de lever l'excommunication de quatre évêques traditionalistes ordonnés illicitement par Monseigneur Lefebvre en 1988.

Parmi eux, le Britannique Mgr Richard Williamson connu pour sa conviction négationniste, qu'il confirmera plus tard à la télévision suédoise. "Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz (…) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz", avait-il maintenu. Le pape tentera vainement d'éteindre la polémique en évoquant des "erreurs" dans l'annonce de cette décision.

Le "Vatileaks".  Ce retentissant scandale de fuites de documents confidentiels au Vatican, marqué en 2012 par l'arrestation et la condamnation à plus d'un an de prison du majordome du pape, Paolo Gabriele, révèle les tensions au Vatican sur de nombreux sujets, entre conservateurs et progressistes, traditionnels et modernistes, partisans de la transparence et du secret.

Le 22 décembre dernier, Benoît XVI a finalement décidé de gracier son majordome lors d'une rencontre en privée.