Benoît XVI, "Dieu" contre "le profit"

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avec AFP , modifié à
Le pape a clos par une grande messe la 7e rencontre mondiale des familles.  

Huit discours en trois jours, une visite à la cathédrale de Milan, à l'archevêché, au théâtre de La Scala, au stade de San Siro avec des jeunes… Le pape Benoît XVI a mis fin à un weekend chargé en dévotion, dimanche, à la mi-journée, par une grande messe qui a clos la septième rencontre mondiale des familles.

Paraissant légèrement vouté et fatigué, souvent dans ses pensées, le pape a tout de même livré un discours plein de convictions, accueilli par une ovation du public. Morceaux choisis.

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Eloge de la famille. "La famille traditionnelle reste plus que jamais un modèle, alors que la solidité du tissu social est en danger", a-t-il déclaré devant près de 850.000 fidèles de 154 pays, selon les organisateurs.

Critique de l’économie moderne. Dans son homélie, devant le chef du gouvernement italien Mario Monti, le pape a attaqué "dans les théories économiques modernes, la prédominance d'une conception utilitariste du travail, de la production et du marché".

"Le projet de Dieu et l’expérience elle-même montrent que ce n’est pas la logique unilatérale du bénéfice personnel et du profit maximum qui peut contribuer à un développement harmonieux, au bien de la famille et à l’édification d’une société plus juste. Car cette logique comporte une concurrence exaspérée, de fortes inégalités, la dégradation de l’environnement, la course aux biens de consommation, la gêne dans les familles", a-t-il lancé.

"Bien plus, la mentalité utilitariste tend à s’étendre aussi aux relations interpersonnelles et familiales, en les réduisant à de précaires convergences d’intérêts individuels et en minant la solidité du tissu social", a-t-il dénoncé.

Critique du travail le dimanche. Benoît XVI a vigoureusement défendu le dimanche comme jour de fête, alors que cette septième rencontre mondiale des familles avait pour thème: "Famille: travail et fête".

"Le dimanche ne doit pas devenir un jour ouvré, mais rester le jour de l’homme et de ses valeurs: convivialité, amitié, solidarité, culture, contact avec la nature, jeu, sport", a-t-il insisté, en appelant les familles, "même dans les rythmes serrés de notre époque à ne pas perdre le sens du jour du Seigneur".

Le sujet des divorcés remariés soulevé. Benoît XVI a aussi évoqué le sujet très polémique dans l'Eglise des divorcés remariés, qui, du fait qu'ils ont rompu la promesse contractée dans le sacrement du mariage, ne peuvent plus participer à la communion. De l'Autriche à la France, des mouvements de chrétiens demandent qu'ils soient admis à communier.

Pape rencontre mondiale de la famille

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Aux "fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation, le pape et l’Église vous soutiennent", a assuré Benoît XVI. Dans un geste d'ouverture, il a souhaité concrètement que "les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximité adéquates" pour eux.

Défense du mariage traditionnel. Le pape a défendu le mariage traditionnel entre un homme et une femme, dotés "de caractéristiques propres et complémentaires", sans citer le mariage homosexuel.

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En marge de la messe à laquelle il assistait, le maire de gauche de Milan, Giuliano Pisapia, a souligné que le pape s'était référé à la Constitution italienne qui "reconnaît les droits de la famille, comme société naturelle fondée sur le mariage". "J'ai aussi dit que les droits de tous doivent être respectés", a toutefois ajouté Giuliano Pisapia, à propos des unions civiles notamment entre gays qu'il soutient.

Pas du gout de tous.  La visite du pape n'était appréciée par tout le monde. "Il est allé à La Scala, il aurait mieux fait d'aller en Emilie pour soutenir les victimes du séisme", a par exemple déclaré un chauffeur de taxi remonté. Des militants communistes ou homosexuels avaient eux aussi organisé des protestations, très marginales.

Benoît XVI devait déjeuner avec quelques familles des cinq continents avant de regagner le Vatican dans l'après-midi.

Il a annoncé que la prochaine rencontre mondiale des familles aura lieu en 2015 aux Etats-Unis, à Philadelphie, siège d'un diocèse très marqué par le scandale de pédophilie qui a secoué l’Église américaine.