Belgique : l'abdication, comment ça marche ?

"C'est avec sérénité et confiance que je vous fais part de mon intention d'abdiquer ce 21 juillet 2013, jour de notre fête nationale en faveur du prince héritier, mon fils Philippe", a déclaré le roi Albert, depuis le palais royal à Bruxelles.
"C'est avec sérénité et confiance que je vous fais part de mon intention d'abdiquer ce 21 juillet 2013, jour de notre fête nationale en faveur du prince héritier, mon fils Philippe", a déclaré le roi Albert, depuis le palais royal à Bruxelles. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
Le roi des Belges Albert II abdiquera le 21 juillet prochain. Un acte assez rare outre-Quiévrain.

L’INFO. Après vingt années de règne, le roi des Belges a annoncé mercredi dans une allocution radiotélévisée sa décision d'abdiquer en faveur de son fils aîné, le prince Philippe. De son vivant, Albert II est le second souverain belge à quitter volontairement le pouvoir dans l'histoire du pays. Une décision qui il y a encore quelques années était marginale mais qui aujourd’hui se démocratise comme l’a montré la reine Beatrix des Pays-Bas qui a renoncé à sa couronne il y a six mois.

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Pourquoi le 21 juillet ? La date choisie par le roi des Belges n’est pas le fruit du hasard. C’est la date de la fête nationale des Belges. La veille, il doit prononcer un discours annuel. "Son départ aurait pu intervenir le 15 novembre, jour de la fête du roi. C’était une possibilité tout à fait logique et légitime. La décision est prise d’avoir une communication avant le traditionnel discours du 20 juillet ce qui bouleverse la donne en termes de calendrier. C’est vraiment sur ce calendrier qu’on doit se poser des questions. Les vacances arrivent pour certains d’entre nous. Au palais aussi. Tout comme la classe politique…", regrette Patrick Weber, le chroniqueur royal de RTL.be. Toutefois, cet acte n’est pas "du tout inscrit dans les mœurs royales de Belgique".

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Un acte d’abdication. Officiellement, la Constitution belge n’autorise pas le droit au monarque d’abdiquer mais la doctrine le permet. "Il faudrait que le Roi rédige un acte d’abdication qui devra ensuite être publié au Moniteur Belge (l’équivalent du journal officiel, ndlr), afin d’assurer le caractère public de la décision", explique Christian Behrendt, un constitutionnaliste interrogé par la RTBF.

Une démission du gouvernement. Puis, le nouveau roi va prêter serment. En l’occurrence, Philippe, le prince héritier et son fils aîné, âgé de 53 ans. Dans la foulée, le gouvernement d’Elio di Rupo, le Premier ministre, va présenter sa démission "pro forma". Un acte symbolique, comme une marque de déférence à l’égard de la monarchie. Puis le nouveau roi va refuser la démission de l’exécutif. Enfin, Philippe va devoir prêter serment devant les Chambres réunies du Parlement mais celles-ci ne voteront pas.

Deux rois, trois reines ? L’abdication est bien une décision personnelle du roi. Son père Léopold III avait dû renoncer à sa couronne après une longue polémique et la crise nationale suscitée par son comportement controversé lors de la Seconde Guerre mondiale. "Nous sommes dans un cas de figure assez inédit. On a un exemple dans l'histoire, un exemple très proche pour lui : il s'agit de son père. En 1950, Léopold III s'est retiré, contraint, mais il a gardé son titre de roi, malgré le fait que Baudouin soit monté sur le trône. Mais c'était un titre de courtoisie, un peu comme la Reine Fabiola", a affirmé Patrick Weber, spécialiste de la monarchie à RTL.be. "On va peut-être se retrouver, bientôt en Belgique, avec deux rois et trois reines. Un roi qui a régné, un roi qui règne, une reine veuve, une reine épouse d'un roi ayant abdiqué, et une nouvelle reine, Mathilde", a-t-il ajouté.

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Des élections à venir. En montant sur le trône le 21 juillet, le futur roi des Belges, Philippe, n'aura que quelques mois pour s'affirmer avant les élections législatives du printemps 2014 qui pourraient plonger le royaume dans une nouvelle crise politique. Le monde politique belge, à l'exception notable des nationalistes flamands, ne cachait pas mercredi qu'il aurait préféré qu'Albert II poursuive sa mission quelques années encore. "J'aurais préféré qu'il reste après les élections pour mener les contacts en vue de la formation du prochain gouvernement car il a un réel talent pour démêler les crises politiques", a commenté le sénateur libéral francophone Armand de Decker. Car si le roi n'exerce pas en Belgique de véritables pouvoirs, il reçoit l'ensemble des responsables politiques pendant les semaines, et souvent même les mois traditionnellement nécessaires à la formation d'un gouvernement, qui doit obligatoirement comprendre des francophones et des néerlandophones.