Avec qui travaille WikiLeaks ?

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Hélène Favier , modifié à
Pour ses révélations "choc" sur la diplomatie US, le site a fait appel à cinq médias de référence.

Le site WikiLeaks qui a mis en ligne, dimanche, 250.000 documents sur la diplomatie américaine a travaillé, en amont, avec cinq médias. Parmi eux figurent The New York Timesaux Etats-Unis, The Guardian en Grande-Bretagne, El Pais en Espagne, Der Spiegelen Allemagne et un Français : Le Monde.

"Environ 120 personnes (des cinq rédactions) ont travaillé pendant plusieurs semaines, de manière protégée. Mais ce n'était pas dans un bunker en Islande ! Chaque équipe avait un lieu dédié dans sa rédaction", révèle Sylvie Kauffmann, du Monde tandis que Marcel Rosenbach, du Der Spiegel assure que dans son magazine, environ 50 personnes, y compris les graphistes, ont travaillé sur le projet "pendant plusieurs mois".

WikiLeaks veut maximiser l'impact de ses documents

En utilisant les médias traditionnels, WikiLeaks sert aussi ses propres intérêts. D'abord, il n'est qu'une base de données et a besoin des journalistes pour analyser ces documents et recouper les sources. De plus, "depuis 2006, WikiLeaks voit très bien comment maximiser l’impact de ses documents", explique, à Europe1.fr, Nicolas Kayser-Bril, responsable du data-journalisme chez Owni, site français qui a récemment travaillé avec WikiLeaks.

"WikiLeaks voit bien que les médias traditionnels ont une grosse audience et que, grâce à eux, il peut toucher beaucoup de gens", insiste-t-il avant d’ajouter : "Cela permet également de créer de la rareté. Quand, en 2009, WikiLeaks avait rendu publics des centaines de milliers de messages du 11 septembre en les publiant d’un seul coup, il avait fait perdre l’exclusivité à tous les médias. Cette fois-ci, WikiLeaks permet à des médias d’être en position d’exclusivité". Et forcément, cela fait plus de bruit.

Ecoutez Nicolas Kayser-Bril d’Owni qui lors des dernières révélations de WikiLeaks avaient créé une application pour le site basé en Suède :

De son côté, Le Monde, qui travaille, pour la seconde fois avec WikiLeaks, a expliqué ses motivations. "A partir du moment où cette masse de documents a été transmise, même illégalement, à WikiLeaks, et qu'elle risque donc de tomber à tout instant dans le domaine public, Le Monde a considéré qu'il relevait de sa mission de prendre connaissance de ces documents, d'en faire une analyse journalistique, et de la mettre à la disposition de ses lecteurs", raconte le quotidien français.

Le "travail des médias n'est pas de protéger le pouvoir"

The Guardian souligne également de son côté l'importance ne pas mettre en danger la vie d'individus, ni de "révéler des informations qui compromettraient des opérations militaires en cours ou des emplacements de forces spéciales". Selon Bill Keller du New York Times, les journaux ont décidé d'étaler les publications plutôt que de tout donner d'un seul coup car "cette publication graduelle nous permet d'appréhender les documents et de les remettre dans leur contexte. Cela donne également plus de temps pour de sérieuses discussions avec le gouvernement pour ce qui ne doit pas être révélé au public".

Au-delà de ces considérations, le "travail des médias n'est pas de protéger le pouvoir de tout embarras", relève The Guardian, ajoutant : "c'est aux gouvernements, pas aux journalistes, de protéger les secrets".