Al-Zawahiri, nouveau chef d'Al-Qaïda

L'Egyptien Ayman al-Zawahiri était le favori pour succéder à Ben Laden
L'Egyptien Ayman al-Zawahiri était le favori pour succéder à Ben Laden © REUTERS
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avec Emmanuel Faux et agences , modifié à
L'Egyptien a été désigné jeudi comme successeur à Ben Laden pour diriger le mouvement.

Il était considéré comme favori pour succéder à Ben Laden. Ayman al-Zawahiri a été intronisé chef d'Al-Qaïda pour succéder à Oussama ben Laden, le fondateur du réseau extrémiste tué début mai par un commando américain au Pakistan, a indique Al-Qaïda dans un communiqué mis en ligne jeudi.

Sa désignation a pris du temps car il n'existait pas de procédure de désignation du leader d'Al-Qaïda, Ben Laden en ayant été le fondateur historique. Il a donc fallu inventer un comité qui a mis plusieurs semaines à choisir le nouveau n°1 de l'organisation.

Ayman al-Zawahiri, né en Egypte, était le favori pour prendre la tête de l'organisation islamiste depuis la capture et la mort de Ben Laden en mai. Cet homme de 59 ans, ancien chirurgien et médecin personnel de Ben Laden, est considéré comme l'organisateur des attentats du 11 septembre 2001 et de la plupart des attentats anti-américains.

Cerveau d'Al-Qaïda

Numéro deux du mouvement jusqu'à la mort de Ben Laden, c'est lui qui a développé Al-Qaïda, lui donnant une stratégie et fournissant son armature idéologique. Oussama ben Laden, lui, apportait d'avantage son charisme et son financement.

Condamné à trois ans de prison après l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate en 1982, Ayman al-Zawahiri était à la tête du Jihad égyptien, qui représentait plusieurs groupes extrémistes. A sa libération, il a quitté l'Egypte pour rejoindre Oussama ben Laden au Pakistan. A l'instar du fondateur du réseau extrémiste, Ayman al-Zawahiri s'est caché après les attentats du 11-Septembre et a été vu une dernière fois un mois après, en octobre 2001, à la frontière afghano-pakistanaise. Son épouse, son fils et ses deux filles avaient été tués par des frappes américaines à Kandahar deux mois plus tard.

Depuis la mort d'Oussama ben Laden, Ayman al-Zawahiri s'était fait le porte-parole d'Al-Qaïda malgré la désignation de Saïf Al-Adel comme chef par intérim du groupe extrémiste. Dans une vidéo mise en ligne le 8 juin par le groupe de renseignement américain SITE, Al-Zawahiri s'était engagé à poursuivre la voie du djihad contre l'Occident tracée par Ben Laden.

"Un conspirateur qui manque de charisme"

Pourtant, l'homme le plus recherché au monde, -sa tête est mise à prix à 25 millions d'euros par le département d'Etat américain-, n'est pas jugé comme ayant la même aura que Ben Laden. "C'est surtout un comploteur, un conspirateur qui avait toutes les qualités pour être numéro 2 et et qui ne les aura probablement pas pour être numéro 1. C'est quelqu'un qui manque de charisme, il a des relations très conflictuelles avec l'ensemble de la mouvance jihadiste", a analysé au micro d'Europe 1, Jean-Pierre Filiu, spécialiste de l'Islam contemporain.

De surcroît, "sa nationalité égyptienne pose problème à d'autres jihadistes comme les Irakiens ou les Algériens, alors chef saoudien comme Ben Laden était plus facilement approuvé", a-t-il ajouté.

"Jihad contre les apostats"

Ayman al-Zawahiri prend les commandes à un moment où la mouvance est affaiblie. Dans son communiqué de jeudi, Al-Qaïda s'engage à poursuivre, sous la direction de son nouveau chef, le jihad, ou la guerre sainte contre les Etats-Unis et Israël. Al-Qaïda va poursuivre "le jihad contre les apostats qui agressent la terre d'islam, et à leur tête l'Amérique croisée et son acolyte Israël", écrit le commandement général d'Al-Qaïda.

"Nous les combattrons avec toutes nos capacités et nous exhortons la nation (islamique) à les combattre (...) par tous les moyens possibles jusqu'à l'expulsion de toutes les armées d'invasion de la terre d'islam et l'instauration de la charia", la loi islamique, ajoute le texte.