Les ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis mardi, n’ont pas réussi à trouver d’accord.
Ils sont plus de 13 millions à en bénéficier, dans 19 pays européens. Et pourtant, l’aide alimentaire européenne, destinée aux plus démunis, se trouve toujours bloquée : mardi, une rencontre entre ministres de l’Agriculture n’a pas permis de trouver d’accord sur la poursuite du Programme européen d’aide aux plus démunis, le PEAD. La décision a été reportée au mois d’octobre, lors d’une prochaine réunion des ministres.
La situation est suffisamment inquiétante pour que Nicolas Sarkozy monte au créneau dans un communiqué : le chef de l’Etat français a estimé lundi qu’il en allait "de la responsabilité" de l’UE de "garantir des financements" de l’aide. "Il serait inacceptable que l'Europe abandonne les plus faibles de ses concitoyens", a-t-il ajouté, en souhaitant "que les voies européennes permettant de pérenniser le PEAD soient dégagées d'ici à la fin de l'année".
Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, a pour sa part certifié sur Europe 1 mardi que l'Etat français "ne laissera pas tomber les associations" fournissant une aide alimentaire aux plus pauvres. "On ne va pas laisser les Restos du coeur, Action contre la faim, le Secours catholique, se débrouiller seuls alors qu'elles font un travail exceptionnel", a assuré le ministre, ajoutant qu'il ne voyait "aucune raison" pour "laisser tomber" ce programme.
Six États opposés
Six États, sur les 27 que compte l’UE, sont cependant "clairement opposés" à la poursuite du programme en 2012 et 2013. Il s’agit de l’Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de la République tchèque, du Danemark et de la Suède. Le secrétaire d’Etat allemande Robert Kloos a plaidé pour que l’aide aux démunis soit du ressort "des budgets nationaux et pas du budget agricole européens". Doté de 480 millions d’euros en 2011, le PEAD pourrait bien se voir réduit à 113,5 millions d’euros en 2012.
Les six pays frondeurs s’appuient sur un arrêt rendu en avril par la Cour européenne de justice et selon lequel le programme a été dénaturé. La raison : les surplus agricoles qui alimentaient cette aide ont pratiquement disparu, supplantés par des achats de nourriture financés par la PAC. Des achats qui n’ont rien à voir avec la PAC et relève de la politique sociale.
Un système qui remonte à 1987
Mais pour la présidence polonaise de l’UE, comme pour la Commission européenne, ces arguments juridiques ne sont pas valables. "Il sera très difficile d’expliquer pourquoi un programme qui a 25 ans d’histoire sera bloqué pour deux ans juste parce que certains Etats membres ne souhaitent pas assumer leur responsabilité politique et se cachent derrière toutes sortes d’arguments juridiques qui n’ont pas lieu d’être", a ainsi estimé le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos.
Ce programme existe en effet depuis 1987. Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, avait répondu à l’appel de Coluche et mobilisé les excédents agricoles européens.