244 habitants d'Alep secrètement exfiltrés par la Belgique

Des réfugiés syriens installés dans la campagne près d'Alep, en Syrie.
Des réfugiés syriens installés dans la campagne près d'Alep, en Syrie. © AFP
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La Belgique a fait part d'une opération humanitaire montée par 25 personnalités et qui aurait duré deux mois. 

C'est une étonnante et inédite opération de sauvetage qui s'est opérée au mois de mai, rapporte Le Monde. 244 habitants d'Alep, en Syrie, ont pu rejoindre la Belgique, où ils ont été accueillis comme réfugiés. Cette opération a été rendue possible grâce à 25 personnes, membres d'un groupe de réflexion chrétien. Parmi elles, des diplomates, des avocats et des médecins, notamment. Tout avait été arrangé. Sept groupes de réfugiés ont ainsi quitté Alep pour le Liban, aidés à la frontière par des fonctionnaires belges. L'ambassade belge leur a ensuite fourni un visa avant qu'ils embarquent dans un avion pour Bruxelles. L'opération aurait duré deux mois selon la BBC.  

Le gouvernement informé.Le Monde rapporte que l'exfiltration, montée par 25 personnalités, a été initiée par "un ancien ambassadeur en Syrie qui disposait de quelques réseaux sur place", ainsi qu'un prêtre belge. Le quotidien rapporte encore que trois ministres ont été mis au courant, le premier ministre Charles Michel, le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, et le secrétaire d’Etat à la migration, Theo Francken (un nationaliste flamand mis en cause dans son pays pour ses liens avec l'extrême droite) qui ont décidé de la révéler, le 8 juillet dernier. L'opération humanitaire visant à "sauver" des Syriens parmi les plus vulnérables, est "une goutte d'eau" par rapport à l'ampleur de la crise migratoire, a dit le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, espérant "que cela puisse donner quelques exemples à d'autres" pays. Le quotidien belge Le Soir a aussi titré le 8 juillet : "La Belgique fière d’accueillir 244 Syriens chrétiens ayant fui Alep". 

Des critiques ont toutefois émergé, une fois l'opération révélée, notamment au sujet de la sélection des 244 réfugiés, en grande majorité chrétiens, rapporte Le Monde. Des critiques balayées par le secrétaire d’Etat à la migration, Theo Francken, cité par le quotidien : "Ces personnes ne sont pas sauvées parce qu’elles sont chrétiennes, mais parce qu’elles figurent parmi les plus vulnérables dans la guerre civile", a-t-il assuré, rejoint sur ce point par une représentante de l'Onu également citée, qui rappelle que les chrétiens sont effectivement des "cibles privilégiées" dans le pays.

Une opération de communication ? Le gouvernement, surtout, a été critiqué dans cette affaire, certains observateurs évoquant une opération de communication, de la part d'une administration justement souvent pointé du doigt pour son peu d'engagement en faveur des réfugiés. La radio télévision belge francophone (RTBF) soulignait le 17 avril dernier qu' en matière d'accueil de réfugiés syriens, "la Belgique fait son petit possible, mais pas beaucoup plus". D'autres opérations similaires avaient déjà été menées, mais avec le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU, et non pas des organisations de la société civile, relève encore RFI

Quelque 5.500 réfugiés syriens, de toutes confessions, ont été accueillis en Belgique depuis que la guerre a éclaté dans ce pays en 2011, selon le gouvernement belge. "98%" des Syriens qui demandent ce statut l'obtiennent, a-t-on précisé. D'après les chiffres du "Réseau européen de réinstallation", 300 réfugiés, dont 225 Syriens ont été réinstallés en Belgique depuis 2013.