10.000 chevaux abattus en Australie

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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Ces bêtes sont accusées de menacer la vie des aborigènes. Un "massacre" s'insurgent leurs défenseurs.

L'INFO. L'Australie aurait démarré mercredi l'abattage controversé de milliers de chevaux sauvages dans "l'outback", l'arrière-pays semi aride. Ces bêtes, utilisées autrefois dans l'armée, sont accusées de menacer l'équilibre environnemental selon les autorités. Signe que ce massacre fait polémique, le Conseil des terres du centre, l'agence gouvernementale, a refusé de confirmer que l'opération prévue mercredi avait bel et bien démarré.

La télévision publique ABC a rapporté que les habitants du centre du pays avaient été priés d'éviter toute une région située à quelque 300 km au sud-ouest d'Alice Springs, la ville du centre de l'Australie, en raison de cette opération.

Qui sont les bêtes abattues ? Une dizaine de milliers de chevaux sauvages, mais aussi des ânes et des chameaux, doivent être abattus par hélicoptère, dans le cadre d'un programme financé par le gouvernement, prévu pour durer jusqu'à la mi-juin. Ces chevaux sauvages descendent des chevaux Waler, élevés lorsque l'Australie était une colonie britannique dans le but de servir dans l'armée britannique en Inde, puis utilisés par l'armée lors de la Première Guerre mondiale.

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Pourquoi un tel abattage ? L'agence gouvernementale estime qu'elle est rendue nécessaire par la prolifération de cette population chevaline : les animaux manquent d'eau et de nourriture et agonisent, tandis que les populations aborigènes, qui dépendent des mêmes points d'eau que ces chevaux, sont elles aussi menacées.

"Nous voulons entreprendre un abattage depuis les airs sur une zone particulière, où se trouvent environ 10.000 chevaux sauvages, qui souffrent d'une mort lente et terrible, et qui détruisent les terres de manière durable. Les dégâts sont catastrophiques", avait déclaré début mai David Ross, le directeur du Conseil des terres du centre, qui représente les aborigènes de la région. "Il est impossible de regrouper ces chevaux pour les transporter vers des abattoirs, étant donné l'étendue de la zone et l'absence de routes dans cette partie du pays", avait-il ajouté.

Un "bain de sang". L'abattage soulève l'indignation des défenseurs des animaux. C'est un "bain de sang", affirme Elizabeth Jennings, de la Société australienne des chevaux Waler. "Il y a un grand risque que ces chevaux souffrent. Ce sont des cibles mouvantes", renchérit-elle.  Selon cette association, la mort est indécente car de nombreuses carcasses vont sans doute pourrir sur place. Cela peut conduire à "l'augmentation de la population de renards et de chats" qui pose des problèmes supplémentaires pour "les autres animaux d'élevage et les indigènes les plus vulnérables", assure l'association qui précise que le coût total de ce "massacre" pourrait avoisiner les 3 millions d'euros. Celle-ci réclame que les chevaux soient "relogés" ailleurs et que les plus vieux et les plus malades soient envoyés dans un ranch pour être abattues dans des conditions plus humaines. Une pétition a été lancée et elle aurait recueilli déjà près 7.600 signatures.