«Qui veut mourir pour des chiffres ?», l'émotion d'une collègue de l'agent du fisc tué

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Maximilien Carlier (à Arras), édité par Romain Rouillard , modifié à

48 heures après le meurtre d'un contrôleur fiscal dans un petit village du Pas-de-Calais, une cellule psychologique a été mise en place dans le centre des impôts où il travaillait à Arras. Europe 1 est allée à la rencontre d'une de ses collègues, profondément meurtrie et affectée par ce drame.

La plaie peine à se refermer dans l'entourage de Ludovic Montuelle, cet agent du fisc tué de plusieurs coups de couteau lundi dans le Pas-de-Calais au cours d'un contrôle. Au micro d'Europe 1, l'une de ses collègues qui a requis l'anonymat, a fait part de sa tristesse et évoque une "violence" qui "monte dans notre société".

En préambule, elle confie que des craintes peuvent exister dans ce quotidien de contrôleur des finances publiques. "On sait qu'on fait un métier difficile et particulier", concède-t-elle en sanglots. Avant d'appeler l'Etat et l'administration à en "prendre conscience" et à "changer la loi" pour assurer une meilleure protection à ces agents. "On ne peut pas envoyer comme ça les agents des finances publiques chez les gens et les condamner", plaide-t-elle tout en regrettant "la violence" qui "monte dans notre société". "Aujourd'hui, c'est lui (Ludovic Montuelle) à Arras, demain ce sera n'importe qui de chez nous", craint-elle. 

"On a l'impression de passer pour des méchants" 

La contrôleuse insiste ensuite sur la perception du métier qui peut se répandre au sein de la population. "On a l'impression de passer pour des méchants alors qu'on fait juste notre travail. On fait juste de l'administratif, qui veut mourir pour des chiffres ? Qui veut mourir pour l'équité fiscale ?", questionne-t-elle.

Un drame d'autant plus incompréhensible au regard de l'éthique de travail dans ce centre des impôts, irréprochable selon elle. "On a jamais fait les cowboys. On a toujours expliqué la démarche qu'on avait. On a toujours dit aux gens : 'voilà, on est là pour en discuter'. Il n'y a rien de définitif". Et de conclure en résumant l'état d'esprit général qui parcours l'ensemble de la profession : "On est tous un peu sans voix. On est sous le choc".