Si la réforme est adoptée en l'état, les audiences pourront être filmées et diffusées à la télévision. 8:05
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Léa Leostic
Le chroniqueur judiciaire Dominique Verdeilhan a réagi samedi sur Europe 1 au projet de loi présenté mi-avril par Eric Dupond-Moretti pour "restaurer la confiance" des Français dans la justice. Dominique Verdeilhan conteste particulièrement la généralisation des cours criminelles départementales et les procès filmés. Deux mesures qu’ils jugent contradictoires.
INTERVIEW

Des procès filmés et diffusés à la télévision, des enquêtes préliminaires plus encadrées, des cours criminelles départementales généralisées… Le projet de loi présenté par le garde des SceauxEric Dupond-Moretti mi-avril a fait réagir le chroniqueur judiciaire Dominique Verdeilhan, invité d’Europe 1 samedi soir.

"Je ne pense pas qu’on va redorer l'image ou renforcer la confiance en la justice en filmant les procès", a-t-il tranché. Selon le texte du projet de loi, les procès pourraient être filmés mais ne seraient pas retransmis en direct. Et il faudrait attendre que le procès soit définitivement clos pour que les Français puissent le visionner.

"On fait sortir le peuple de la justice"

Une mauvaise piste pour Dominique Verdeilhan, auteur de L'audience est ouverte. Chronique d'une justice défaillante, publié au mois de mars. Il juge surtout cette mesure contradictoire avec les cours criminelles départementales généralisées, composées de cinq magistrats professionnels et sans jury populaire.

"Dans un premier temps, on fait sortir les jurés populaires. Et puis, dans le même temps, on fait entrer les caméras comme ça, les Français vont pouvoir voir comment la justice se déroule. Je trouve ça un peu contradictoire", déplore-t-il, avant de poursuivre : "On dit que la justice est compliquée, que les Français ne la saisissent pas bien, mais en même temps, on fait sortir le peuple de la justice". "La justice est quand même rendue au nom du peuple français !", insiste Dominique Verdeilhan. Les cours criminelles départementales, actuellement en expérimentation, jugent en première instance des crimes punis de quinze ou vingt ans de réclusion, majoritairement des viols et ont pour but de désengorger les cours d’assises.