Mehdi Nemmouche : une information judiciaire ouverte pour enlèvement et séquestration

Mehdi Nemmouche
Mehdi Nemmouche © AFP
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Guillaume Biet avec , modifié à
Soupçonné d'être le geôlier des quatre otages français retenus par l'Etat islamique, l'auteur de la fusillade au musée juif de Bruxelles fait l'objet d'une information judiciaire pour enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste.
INFO EUROPE 1

Il est soupçonné d'avoir été le geôlier des otages français retenus pendant près de dix mois par le groupe terroriste Etat islamique. Après une enquête préliminaire ouverte à ce sujet dans le courant de l'été 2014, une information judiciaire a été ouverte le 23 juillet contre Mehdi Nemmouche pour enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste, selon les informations d'Europe 1. Trois juges antiterroristes parisiens vont enquêter sur son implication dans l’enlèvement et la séquestration de quatre journalistes français en Syrie, dont notre collègue Didier François, le photographe Edouard Elias et les journalistes Nicolas Henin et Pierre Torrès. Mehdi Nemmouche est le premier suspect à être directement mis en cause dans l'enlèvement des quatre journalistes.

Incarcéré en Belgique. Mehdi Nemmouche est déjà visé par d'autres procédures judiciaires. Ce Français d'origine algérienne, âgé de 29 ans, est soupçonné d'avoir abattu quatre personnes le 24 mai dans le musée juif de Bruxelles. Celui qui était allé combattre en Syrie dans les rangs des djihadistes de l'Etat islamique, avait été interpellé à Marseille le 30 mai à la descente d'un car. Son arme avait été retrouvée dans ses bagages. Depuis fin juillet 2014, il est placé en détention en Belgique.

Nemmouche "formellement identifié" par les ex-otages. Et il est donc officiellement soupçonné d'avoir joué un rôle important dans le rapt et la détention des otages français, libérés en avril 2014, après dix mois de captivité. Peu après l'attaque du musée juif, les journalistes retenus en otage avaient été entendus par les enquêteurs. Lorsque le suspect a été transféré au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, les ex-otages ont en effet été convoqués.

Ils n'ont pas été directement confrontés à Mehdi Nemmouche, mais les enquêteurs leur ont présenté les photos et les vidéos retrouvés sur le portable du suspect où il se vante de ses méfaits. Grâce à ces documents, certains ex-otages ont pu l'identifier clairement comme étant l'un des geôliers qui les maltraitaient et les insultaient lors de leur captivité en Syrie. De son côté, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué que les services de police avaient "transmis à la justice des éléments laissant à penser qu'il aurait pu être le geôlier de nos otages".

Nemmouche extradé vers Paris ou entendu à Bruxelles. Désormais, les juges anti-terroristes vont pouvoir directement interroger Mehdi Nemmouche sur cette affaire. Ils doivent lancer une commission rogatoire internationale vers la Belgique, où le suspect est toujours emprisonné. Ensuite, deux cas de figure se présentent : soit les juges français iront l'interroger là-bas et lui signifier son éventuelle mise en examen, soit il sera provisoirement extradé de Belgique pour être entendu à Paris, rapportait l'Express lorsque l'affaire avait été révélée en septembre 2014. Pour l'heure, on ne sait pas encore quel choix feront les magistrats, ni à quelle date Medhi Nemmouche sera auditionné.

Une information d'abord gardée secrète. Avant septembre 2014, cette information concernant Mehdi Nemmouche n'avait pas été divulguée par Europe 1 à la demande des enquêteurs pour préserver la sécurité des autres otages encore détenus en Syrie et des ex-otages libérés aujourd'hui. Le secret était aussi maintenu pour assurer la bonne avancée de l'enquête des services de renseignement.