Marseille : les trafiquants de drogue de La Castellane devant la justice

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En février 2015, une vaste opération de police avait eu lieu après que des tirs de kalachnikov ont été tirés à La Castellane. © AFP
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Nathalie Chevance et C.P.-R. , modifié à
Soupçonnées d'être membres d'un réseau de trafic de drogue très lucratif, 28 personnes comparaissent à partir de mercredi, devant le tribunal correctionnel de la cité phocéenne.

Ils brassaient jusqu'à 50.000 euros de chiffre d'affaires par jour. A compter de mercredi et durant trois semaines, 28 trafiquants présumés, du chef du réseau au guetteur, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Marseille. Ils sont soupçonnés d'appartenir à l'un des réseaux clefs de la cité Castellane, surnommée "le supermarché de la drogue".

Des billets tombés du ciel. Les policiers se souviennent parfaitement du jour où ils ont démantelé le réseau aux commandes de ce business très prolifique, à l'issue d'une enquête de près de trois ans. Ce jour-là, des sacs de sport sont jetés du 13e étage de la tour K, dans cette cité des quartiers Nord, avec à l'intérieur 275.000 euros en petites coupures… et retombent directement aux pieds des policiers.

Les trafiquants de drogue sont alors pris de panique, eux qui ont consigné dans des livres toute leur comptabilité des deux derniers mois. Avec des salaires qui donnent le vertige : 77.000 euros empochés par "Titus", le logisticien des points de deal ou encore 39.000 euros pour "Sam-Sam", l'un des gérants.

Nourrice, un rôle très juteux. Et les "nourrices", ne sont pas en reste. Comme cet intérimaire du BTP qui cachait chez lui 80 kilos de cannabis, ce maçon qui veillait sur 860.000 euros ou cette maman qui stockait des armes pour un salaire mensuel de 2.000 euros.

Des complices qui sont "recrutés" par les dealers selon un profilage minutieux, souligne Me Hakim Ikhlef au micro d'Europe 1 : "On va choisir les nourrices en fonction de certains critères : des gens fiables, au-dessus de tout soupçon, qui n'ont pas eu affaire à la justice. Dans une situation de précarité ou de grande précarité, des mères isolées, des employés payés au SMIC, y trouvent une manière quasiment de doubler voire de tripler leur salaire."

"Un moyen d'acheter la paix sociale". Pour ce faire, explique l'avocat, "ils mettent à disposition une pièce, un local, parfois même ils remettent les clefs aux trafiquants. Tout le monde y trouve intérêt". "Cela peut être également un moyen d'acheter la paix sociale vis-à-vis en tout cas des membres du réseau, d'être tranquille, de ne pas être embêté", ajoute Me Hakim Ikhlef.

A la tête du réseau, "Nono". L'homme soupçonné de chapeauter cette "PME" florissante ? Un trentenaire qui flambait au casino, enchaînait les voyages, les belles voitures, mais aussi les prostituées… Le tout, toujours en cash, car le cerveau présumé de ce réseau n'avait pas de compte bancaire. Mais Noredine Achouri, 33 ans, "Nono" n'avoue rien et se dit victime de la rumeur de La Castellane, pour expliquer la présence des deux pistolets automatiques retrouvés dans son congélateur.