Jugé "arrogant", Redoine Faïd répond à la mère d'Aurélie Fouquet

Redoine Faïd devant la cour d'assises de Paris 1280
Redoine Faïd devant la cour d'assises de Paris © BENOIT PEYRUCQ / AFP
  • Copié
CB avec AFP , modifié à
Le plus médiatique des neuf hommes jugés à Paris pour le meurtre de la policière municipale en 2010, s'est défendu mercredi de toute "arrogance" envers la famille de la victime.

Avant son audition par les juges de la cour d’assises de Paris, Redoine Faïd a tenu à faire une mise au point. Dans une lettre adressée mercredi aux parties civiles, et lue par le président de la cour d’assises, le braqueur médiatique, âgé de 43 ans, se défend de toute posture méprisante envers la famille de la jeune policière municipale. Depuis mardi, Redoine Faïd est jugé, ainsi que huit autres prévenus, pour son implication dans le projet de braquage qui a coûté la vie à Aurélie Fouquet, la policière municipale morte dans l’exercice de ses fonctions, en avril 2010. Depuis le début de l’affaire, l'ex-ennemi public numéro 1 nie toute implication, mais les enquêteurs voient en lui le cerveau du braquage avorté qui a conduit à la mort de la policière de 26 ans.

"Je suis loin d'être à l'aise ou détendu". Au premier jour d'audience, la mère d'Aurélie Fouquet avait exprimé son désarroi face à un Redoine Faïd perçu comme "arrogant" et "détendu". Dans sa missive, lue par le président de la cour d’assises de Paris, le braqueur a tenu à préciser son état d’esprit. "Jamais il ne me viendrait à l'idée d'avoir une attitude inappropriée" ou "arrogante", écrit le "caïd des cités" autoproclamé.

"Quand bien même je suis innocent, je vous prie de croire que je suis loin d'être à l'aise ou détendu. Et je reste indigné d'être poursuivi pour ces faits que je n'ai pas commis", affirme encore le braqueur multirécidiviste, parfois surnommé "l'Ecrivain". A la lecture de cette lettre, rédigée dans un style ampoulé, la mère d’Aurélie Fouquet a regardé fixement Redoine Faïd, sans le lâcher des yeux.

"Il est très éloigné de tels sentiments". Au terme du premier jour d’audience, l’avocat de Redoine Faïd, Me Christian Saint-Palais, avait déjà tenté de désamorcer le ressentiment des parties civiles envers son client. "Je regrette qu’ils aient eu cette perception, car nous sommes très éloignés de son état d’esprit réel. Ce que l’on a essayé de décrypter sur son visage, qui voulait être une certaine dignité, a été pris, à tort, pour de l’arrogance. Il est très éloigné de tels sentiments à l’égard des parties civiles", insistait l’avocat au micro d’Europe 1.

Me Christian Saint-Palais assure même que la mort d’Aurélie Fouquet touche particulièrement Redoine Faïd. S'il n'est pas accusé de meurtre comme Rabia Hideur, Daouda Baba et l'absent Olivier Tracoulat, le "caïd des cités" autoproclamé risque néanmoins la perpétuité, notamment pour "récidive de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime". Au vu de la peine encourue, Redoine Faïd est donc dans un état d’esprit tourmenté, selon son avocat. "Je dirais qu’il est tendu. Il est aussi grave, parce que l’enjeu est important", résume Me Christian Saint-Palais.

Sa personnalité passée au crible. La suite de la journée de mercredi était consacrée à la personnalité de Redoine Faïd qui avait vanté ses exploits d'"aristocrate" du banditisme dans une autobiographie médiatisée fin 2010. Il se disait alors repenti, quelques mois après la mort d'Aurélie Fouquet.

A la barre, Redoine Faïd a assuré une nouvelle fois que sa "carrière" de braqueur était derrière lui. "J'étais un voleur dans les années 90 mais depuis 2009 je faisais extrêmement attention à ne pas fréquenter des gens chelous. Cette vie là, c'était de la merde, il n'y a rien dans le grand banditisme", assure-t-il au président de la cour d'assises.

"Je n'ai pas l'âme d'un assassin". Interrogé sur son implication dans le meurtre d'Aurélie Fouquet, le braqueur soi-disant repenti maintient sa ligne. "J'ai strictement rien à voir de A à Z. (...) Je suis pas Robin des bois, je suis pas Blanche-Neige, mais je n'ai pas l'âme d'un assassin", lâche-t-il.

Avant de revenir sur son évasion spectaculaire, en 2003, au cours de laquelle il avait fait sauter cinq portes blindées avec de l’explosif, prenant dans sa fuite quatre surveillants pénitentiaires en otage. "Je voulais être dehors. Parce que moi j'aime pas être enfermé de surcroît pour quelque chose que je n'ai pas fait", explique Redoine Faïd. S'il "regrette", il assume aussi : "la cocotte était pleine."