Insécurité : 2 millions de Français se déclarent victimes de violences en 2014

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C.P.-R. avec AFP , modifié à
L'enquête annuelle de victimation a été dévoilée vendredi par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Europe 1 fait le point sur ce rapport qui prend la mesure du sentiment d'insécurité des Français.

C'est un rapport qui, chaque année, rend compte du sentiment d'insécurité des Français. L'enquête, qui porte sur les faits de l'année 2014, a consisté à interroger, début 2015, les Français sur les faits de délinquance dont ils disent avoir été victimes.

Cette année, il ressort principalement de cette enquête dite de "victimation" menée auprès de plus de 15.000 ménages par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et l'Insee, et rendue public vendredi, que le nombre de personnes adultes disant avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles en 2013-1014 "est supérieur à deux millions".

Les violences physiques en hausse, les femmes en première ligne. C'est une première depuis 2010 : le nombre de personnes adultes disant avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles dépasse les deux millions (2.044.000 de Français).  Un "seuil", encore jamais franchi les années précédentes, dû à la hausse du nombre de femmes qui ont déclaré avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles.

"Les violences contre les femmes, soit sur la voie publique, soit à l'intérieur du ménage, augmentent", a affirmé vendredi sur Europe 1, Christophe Soullez, responsable de l'ONDRP. Attention toutefois, au sein des ménages, les femmes ne sont pas victimes forcément de leur conjoint mais plutôt d'autres membres comme les parents ou les frères et sœurs.

"C'est une tendance qui s'inscrit à la hausse depuis deux ou trois ans : les femmes sont de plus en plus les cibles des délinquants". Ainsi, le nombre de femmes victimes de violences physiques est passé de 860.000, lors de l'enquête 2014 portant sur l'année 2013, à plus d'un million cette année.


Soullez : "Les femmes sont de plus en plus les...par Europe1fr

Baisse des vols avec violence. A noter toutefois, si le nombre de violences physiques est en hausse, celui des vols avec violence n'a jamais été aussi bas depuis 2006. En 2014, relève encore l'étude, les vols avec violences sont eux au niveau "le plus faible jamais observé", avec moins de 180.000 victimes.

Une stabilisation des cambriolages, malgré un nombre élevé. En revanche, avec 568.000 cambriolages déclarés en résidence principale, soit plus de 1.500 cambriolages en moyenne par jour en France : c'est le chiffre le plus haut atteint depuis 2006. Toutefois, cette forte hausse s'affiche surtout par rapport aux années 2006-2009 tempère l'ONDRP, car la fréquence de ces cambriolages est, en revanche, "relativement stable" depuis 2011.

On constate "une stabilisation des cambriolages, après une hausse importante entre 2008 et 2011", a ainsi nuancé Christophe Soullez. Un chiffre qui détonne un peu avec la baisse des plaintes enregistrées dans les commissariats mais qui, comme l'a rappelé Christophe Soullez ne reflète pas toujours la réalité des faits de délinquance, les victimes n'allant pas toujours porter plainte.

Le terrorisme, une préoccupation croissante pour les Français. Enfin, on note que le sentiment d'insécurité des Français dans leur quartier ou leur village reste stable (21 %), mais se focalise désormais plus sur le terrorisme (17,7%) que sur la délinquance (9,7%). Alors que l'année 2015 a été marquée par l'attentat contre Charlie Hebdo, la tuerie de Montrouge et la prise d'otage mortelle de l'Hyper Cacher, les Français interrogés place en deuxième position le terrorisme parmi les "problèmes les plus préoccupants de la société", juste après le chômage (38,3%).

Un véritable "effet Charlie", puisque la crainte du terrorisme n'avait jamais dépassé les 5% depuis que ce rapport existe. Les sondés ont été questionnés début 2015, quelques semaines après les attentats ayant frappé la France. "On sent que la population est plus préoccupée par cette problématique, alors même que le sentiment d'insécurité n'augmente pas", a déclaré Christophe Soullez évoquant "une prise de conscience des risques liés au terrorisme".