Haute-Loire : un sous-préfet devant le tribunal pour détournement d'art

L'avocat du sous-préfet assure qu'il n'avait rien prémédité.
L'avocat du sous-préfet assure qu'il n'avait rien prémédité. © AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le haut fonctionnaire avait échangé une toile de l'artiste russe naturalisée française Nathalie Gontcharoff par une copie. 

Voleur de tableau de maître ou amateur d'art négligent ? L'ancien sous-préfet de Brioude en Haute-Loire, Hugues Malecki, sera jugé mardi devant le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay pour le détournement d'une toile appartenant au mobilier national, qu'il avait échangée avec une copie. Le procès de ce haut fonctionnaire, suspendu de ses fonctions à titre conservatoire, avait été renvoyé en octobre dernier pour lui permettre de préparer sa défense. Il est soupçonné d'avoir subtilisé une huile sur toile signée de l'artiste russe naturalisée française Nathalie Gontcharoff (1881-1962) lorsqu'il était en poste en Haute-Loire entre 2006 et 2007.

Un tableau trop neuf. Considéré comme une "croûte" par son successeur, le tableau avait été déplacé des murs tapissés du salon de la petite sous-préfecture pour un recoin obscur où il serait resté si une institution culturelle nationale ne l'avait réclamé en 2014 pour une exposition. Les services de l'État qui l'inspectent remarquent alors l'aspect bien trop neuf de l'oeuvre d'art, supposée dater des années 1940, et de son encadrement. Ils découvrent que ce même tableau, baptisé "Dahlias" et représentant un immense bouquet de fleurs débordant d'un vase, a été acheté à Londres lors d'une vente consacrée à la peinture russe par la maison d'enchères Sotheby's en mai 2012 pour 103.250 livres (près de 117.000 euros). L'enquête confiée à l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) remonte jusqu'à Hugues Malecki.

"Moins de 12.000 euros". Selon une source proche de l'enquête, il avait vendu en 2012 la toile - dont aucun élément visuel n'attestait qu'elle puisse avoir été volée - pour "moins de 12.000 euros" - à un collectionneur sur Internet. Ce dernier l'avait ensuite cédée à son tour aux enchères, quelques mois plus tard. Le haut fonctionnaire - dont les explications "ambigües" évoluent "entre le caractère volontaire et involontaire" de ce vol, selon son conseil, Maître Bertrand Chautard - a assuré lors de sa garde à vue n'avoir rien prémédité.