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Rémi Duchemin
Libération révèle qu’un haut fonctionnaire du ministère de la Culture puis de la Drac du Grand Est a, pendant près de dix ans, empoisonné des femmes à des diurétiques puis manœuvré pour les faire uriner devant lui. L’actuel ministre de la Culture veut que cette histoire serve à l’avenir à libérer la parole.

Au ministère de la Culture, il était surnommé le "photographe".  Car pendant de nombreuses années, Christian N. a pris en photo, secrètement espérait-il, les jambes de nombreuses femmes. Mais selon Libération, qui révèle vendredi l’affaire, l’homme ne s’est pas arrêté là. Ce responsable des relations humaines à la rue de Valois d’abord, puis à la Drac de la région Grand Est ensuite, a empoisonné plusieurs femmes aux diurétiques lors d’entretiens, d’embauche notamment. Il les emmenait ensuite à l’extérieur, pour les isoler, afin qu’elles soient contraintes d’uriner devant lui. "C’est une affaire complètement folle, d’un pervers", a réagi Franck Riester, ministre de la Culture, vendredi sur Europe 1.

Les faits se sont produits quelques années avant que Franck Riester ne soit nommé à la rue de Valois. "J’ai été mis au courant il y a quelques mois. Et il avait mis à pied d’ailleurs bien avant que j’arrive au ministère", a confirmé le ministre. "Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais atterré, c’est absolument scandaleux. La justice va prendre les décisions qui s’imposent."

Près de 200 femmes photographiées et/ou empoisonnées

Mais le plus frappant dans cette affaire, c’est que l’homme ait pu agir pendant de si longues années, jusqu’à être confondu par une collègue qui l’a surpris en train de prendre en photo, sous une table, les jambes d’une sous-préfète. Les enquêteurs ont alors découvert sans son ordinateur professionnel un fichier Excel intitulé Expériences, dans lequel il avait listé les quelque 200 femmes qu’il avait photographié et/ou empoisonné.

Et puisque Christian N. était surnommé "le photographe" dans les couloirs du ministère, c’est qu’au moins une partie de ses agissements étaient connus. "D’une façon plus large, sur ce sujet-là, comme sur les violences sexuelles ou sexistes, sur le harcèlement, nous avons besoin collectivement de dire les choses, s’accompagner celles et deux qui savent et qui n’osent pas, parfois, parce que c’est des sujets sensibles", a réagi Franck Riester. "C’est parce que c’est des sujets sensibles qu’il faut savoir dire les choses, prendre la parole ne pas avoir peur de le dire et d’accompagner ceux qui ont le courage de révéler ce genre d’affaires."