Disparition de Mathis : le père condamné à 20 ans de prison

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Sylvain Jouanneau, le père de Mathis, disparu en 2011. © AFP © AFP
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C.P.-R. avec AFP , modifié à
JUSTICE - Le père de Mathis, Sylvain Jouanneau, a été condamné à vingt ans de prison par la cour d'assises de Caen, jeudi. La peine maximale dont il pouvait écoper.

Vingt ans de réclusion. C'est la peine à laquelle a été condamné Sylvain Jouanneau pour l'enlèvement et la séquestration, en 2011, de son fils Mathis, alors âgé de 8 ans et dont on est sans nouvelles depuis. Cette peine est conforme à celle réclamée par l'avocat général Pascal Chaux, jeudi matin, au terme de trois jours de procès devant la cour d'assises à Caen. Le père de famille de 41 ans, au casier judiciaire vierge, encourait 30 ans de prison.

"Des faits odieux". Dans son réquisitoire, l'avocat général Pascal Chaux avait parlé "des faits odieux [...] d'autant plus inexplicables que l'accusé venait de voir ses droits de père rétablis" progressivement par la justice. La mère de cet ancien cadre devenu maçon avait, quant à elle, réclamé à la barre "la plus forte peine" pour l'accusé qu'elle a longtemps pensé bon père.

La peine maximale. Sylvain Jouanneau, qui encourait 30 ans de prison, écope de la peine maximale prévue par la loi dans son cas, étant donné qu'une altération de son comportement a été retenue par la cour. Une loi de 2014 prévoit en effet une réduction d'un tiers de la peine maximale lorsqu'il y a altération de discernement. Cette condamnation à 20 années de réclusion couvre également les menaces de mort sur une ancienne compagne, Emmanuelle, qui l'avait quitté en 2011.

Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, l'accusé avait déclaré, les yeux rougis : "Je suis un peu ému. Pendant que vous choisissez, je vais penser à Mathis". Qualifié de "manipulateur" par la partie civile, le père de famille s'était montré mutique tout le long de son procès. 

L’histoire.Sylvain Jouanneau n'a pas ramené Mathis chez sa mère comme il aurait dû le faire, le 4 septembre 2011. Ce jour-là, Sylvain Jouanneau va chercher son fils à l'école vers 18 heures, comme le prévoit son droit d'hébergement. Mais l'homme, qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique par le passé, ne le ramène pas comme prévu le dimanche soir chez Nathalie Barré, son ex-compagne. Il expliquera avoir dit à Mathis que sa mère et son compagnon étaient morts dans un accident de voiture.

Le mercredi suivant, le camping-car de l'accusé est retrouvé à Villers-Bocage, à 35 km de Caen avec son passeport. Le lendemain, le 10 septembre, c'est sa Peugeot 206 break qui est découverte à 5 km de Bayonne. Aucune trace de sang n'est mise en évidence dans les véhicules. Dans le Break, les enquêteurs trouvent des tickets d'achats de jouets et de trois livres sur l'islam effectués le 30 août à Caen.

On ne sait toujours pas où est Mathis. Devant la cour, Sylvain Jouanneau avait affirmé avoir confié l'enfant à des tiers à l'étranger. A l'en croire, Mathis "va bien", il ne l'a "pas tué". L'enfant aurait changé de nom et se serait converti à l'islam. Comme son père en 2006, après une relation avec une jeune femme marocaine. L'enquête s'était alors orientée vers cette piste, mais des recherches effectuées notamment au Maroc, et dans les milieux sectaires en France, n'avaient rien donné.

Alors où est l'enfant ? Ces trois jours de procès n'auront pas permis de faire sortir Sylvain Jouanneau de son mutisme. Malgré les demandes répétées des proches de Mathis, épuisés nerveusement, et celles des magistrats, Sylvain Jouanneau n'a pas répondu pour, dit-il, "protéger" ceux à qui il a remis son fils.