A son procès, le père de Mathis "nie l'enlèvement et la séquestration"

Sylvain Jouanneau © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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François Coulon avec CB et AFP , modifié à

Le procès du père de Mathis, 8 ans, disparu en 2011 à Caen, s'est ouvert lundi matin devant les assises du Calvados qui le jugent pour enlèvement et séquestration de son fils.

Sylvain Jouanneau a mis fin lundi a trois ans de silence. Alors qu’il en avait la garde partagée, ce père de famille n’a jamais ramené son fils à sa mère, restant mutique sur ce qui avait bien pu se passer. Le procès du père du petit Mathis, accusé d'avoir enlevé son fils, s’est ouvert lundi devant les assises de Caen. Si le prévenu s’est bel et bien exprimé, il ne semble pas déterminé à dire où est l'enfant et s'il est toujours vivant. Arrivée vers 8h40 dans la salle d'audience, la mère de l'enfant, Nathalie Barré, était présente avec une dizaine de ses proches ainsi que les parents de l'accusé.

"Une affaire montée en épingle". Et les premiers mots de Sylvain Jouanneau, barbu à la longue queue de cheval, ont été pour le moins véhéments. S’il reconnait la soustraction d’enfant, il refuse toutefois de parler d’enlèvement et dénonce cette justice qui s’est "emballée". "Ma position n'a pas changé depuis le début. Je reconnais la soustraction de mineurs et la menace de mort (sur une ex-compagne, ndlr) et je m'en expliquerai. Mais je nie l'enlèvement et la séquestration", a déclaré Sylvain Jouanneau, chemise bleu pâle, en réponse à la présidente qui lui demandait sa position sur le dossier.

"On a parlé de séquestration, parfois de meurtre, et on s’étonne que je me sois fermé", poursuit-il. Sylvain Jouanneau se dit "agressé par cette violence" et espère que l’on va remettre de la mesure dans cette affaire "montée en épingle".

"Je préfère pas". "Mathis va bien ?" demande alors l'avocate de Nathalie Barré. Réponse laconique de Sylvain Jouranneau : "je n'ai aucun élément disant qu'il va mal. Donc il va bien". "Donnez-nous des des éléments concrets qui nous permettent de croire (à ce récit) et à la survie de Mathis", insiste l'avocate. "Je préfère pas", répond l'accusé, invoquant "la volonté de ne pas compromettre des personnes". L'homme dit encore ne pas percevoir la gravité de sa comparution. 

Pas prêt à faire des révélations. Le maçon de 41 ans, muré dans son silence depuis près de trois ans, s'est montré cependant étonnement volubile et assuré. Il a aussi promis de s’exprimer sur sa démarche : un geste prémédité. Mais, à ce stade préliminaire, rien ne laisse entrevoir de véritables aveux de la part du prévenu. Jusqu’à maintenant, personne n’est arrivé à le faire craquer. Ce serait un miracle, reconnaissent les membres de sa famille, comme la maman de Mathis, son ancienne épouse.

Un homme impulsif. Sylvain Jouanneau est prolixe pour parler de lui. Manifestement, il aime ça. On découvre qu’il a tenté de mettre fin à ses jours alors qu’il s’interrogeait sur son orientation. Un acte impulsif, dit-il, celui de quelqu’un à bout. Difficile après ces révélations, de ne pas penser à Mathis, victime de cette même impulsivité.