Daniel Schneidermann piégé par un canular téléphonique

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Le canular dont a été victime Daniel Schneidermann ressemble aux méthodes utilisées par le hacker Ulcan. © DR
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et Pierre de Cossette , modifié à
Dans la nuit de mardi à mercredi, le journaliste d’Arrêt sur images a été victime d’un swatting, un canular téléphonique qui consiste à faire débarquer les forces de l'ordre au domicile de la personne piégée.

"J'ai été cette nuit victime du dénommé Gregory Chelli, hacker sioniste bien connu ici ou de ses frères, ou de ses cousins, ou de ses disciples, ou de ses fans". Ces mots sont ceux du journaliste Daniel Schneidermann, mercredi matin, sur le site Arrêt sur images. Dans un billet intitulé Mésaventure nocturne, le directeur de la publication d’Arrêt sur images rapporte qu’il a été piégé dans un canular téléphonique de très mauvais goût dont le scénario ressemble à la méthode du pirate franco-israélien Gregory Chelli alias "Ulcan".

Mésaventure nocturne. Il est près de 2h30 dans la nuit de mardi à mercredi, lorsqu'un très mauvais plaisantin appelle un commissariat parisien. En pleurs, l'individu se fait passer pour le journaliste Daniel Schneidermann et annonce qu’il a tué sa femme après avoir découvert qu’elle le trompait. Avant d’ajouter qu’il est armé et sur le qui-vive, prêt à en découdre en cas d’intervention des forces de l'ordre. Au bout du fil, les policiers entendent même un bruit de culasse. 

Pierre Haski piégé à son tour

Dans la nuit de mercredi à jeudi, c'est Pierre Haski qui s'est retrouvé, une nouvelle fois, victime de swatting. Le co-fondateur de Rue89 raconte avoir vu la police, le SAMU et les pompiers débarquer chez lui après un appel passé depuis sa ligne téléphonique pour prévenir la police que le journaliste aurait "poignardé [sa] femme". Ces méthodes ressemblent à celles du hacker franco-israélien Gregory Chelli, alias "Ulcan". D'après Pierre Haski, "le mode opératoire est signé".

"30 policiers de la BAC". Des agents sont alors envoyés sur place, mais pas un bruit, pas un mouvement au domicile de Schneidermann. Vers 4h30, les policiers reçoivent un nouveau coup de fil. Cette fois, le numéro est clairement identifié : c’est celui du domicile du journaliste. Après le feu vert du parquet de Paris, les fonctionnaires de police se rendent une nouvelle fois sur place, vers 6 heures du matin. Le journaliste évoque la présente de "trente policiers de la BAC déployés dans l'escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires et une procureure adjointe".

Le couple n'était pas chez lui. Mais très vite, grâce à de nombreux coups de téléphones et aux témoignages de voisins, le canular se dégonfle. Daniel Schneidermann et son épouse ne sont pas chez eux, et cette dernière est bien vivante. Pour lever définitivement le doute, c'est le fils du couple qui rejoint les policiers afin de leur ouvrir l'appartement et constater qu'il ne s'est, en effet, rien passé. Heureusement, les hommes de la BAC ont eu la clairvoyance de ne pas défoncer la porte de l'appartement, remercie le journaliste dans son article.

Le swatting, un phénomène à la mode. Ce type de canular spécialisé porte un nom, le swatting. En provenance des Etats-Unis, il tire son nom de l’acronyme "SWAT" qui désigne l’unité d’élite de la police américaine. L’objectif est d’inventer un scénario suffisamment plausible afin de voir débarquer l’unité d’intervention au domicile de la cible. Le hacker Ulcan est soupçonné d'être coutumier du fait. Il a notamment piégé par téléphone Pierre Haski, le cofondateur de Rue89, et les parents du journaliste Benoit Le Corre – dont le père, harcelé, est décédé d’un infarctus. 

D'autres mauvais coups, ces derniers jours, font également penser à lui. Comme celui dont a été victime le patron d'Orange, soupçonné de vouloir boycotter Israël. Stéphane Richard a porté plainte contre X pour menaces de mort, après que ses coordonnées personnelles se sont retrouvées sur un site internet administré par ce fameux Ulcan.