Attentats à Paris : identité, profil, parcours... Ce qu'on sait des terroristes

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La police scientifique intervient samedi matin sur les lieux de la fusillade terroriste rue de Charonne à Paris.
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C.B. et C.P.-R. avec Guillaume Biet, Alain Acco et Noémie Schulz , modifié à
ENQUETE - Les enquêteurs concentrent leurs recherches sur la Belgique. Un homme, qui pourrait être impliqué dans les attentats, est activement recherché.

Un homme soupçonné d'être impliqué dans les attentats de Paris est activement recherché par les enquêteurs. Les forces de l'ordre concentrent désormais leurs recherches sur la Belgique où l'opération pourrait avoir été planifiée. La police française a diffusé dimanche un appel à témoins pour tenter de localiser Salah Abdeslam, âgé de 26 ans, visé par un mandat d'arrêt international émis par la justice belge. Pour l'heure, cinq kamikazes ont été identifiés au total. Les regards se tournent également sur un Belge qui se trouve actuellement en Syrie, Abdelhamid Abaaoud, qui serait très impliqué dans ces attentats. 

  • L'enquête se tourne vers la Belgique

Les enquêteurs se demandent si la série d'attaques, revendiquée par l'Etat islamique, a été en partie fomentée en Belgique.

Trois frères impliqués.Trois frères pourraient être impliqués dans l'enquête sur les attentats de Paris. L'un a été identifié comme étant l'un des kamikazes du Bataclan : il s'agit de Brahim Abdeslam. Il a loué une Seat Leon noire, abandonnée à Montreuil, après les attentats. A son bord, plusieurs fusils d'assaut kalachnikov et des chargeurs vides. Le deuxième frère, Mohammed, a été placé en garde à vue en Belgique, avant d'être relâché. Le troisième frère, Salah Abdeslam, est activement recherché par les forces de l'ordre. La police a lancé un appel à témoins, et la justice a émis un mandat d'arrêt international contre lui. Il a loué une Polo noire abandonnée devant le Bataclan, selon nos informations.

Molenbeek, plaque tournante des djihadistes. En Belgique, sept personnes avaient été placées en garde à vue ce weekend et l'enquête se concentre sur la commune bruxelloise de Molenbeek. Cinq d'entre elles ont été relâchées lundi et deux sont encore provisoirement gardées à vue. Les auteurs de plusieurs attentats djihadistes, dont le responsable présumé de la tuerie au Musée juif de Bruxelles en 2014, Mehdi Nemmouche, ont séjourné dans ce quartier populaire, considéré comme une plaque tournante des djihadistes en Europe. Une Polo grise a été interceptée dans la commune. Mais les enquêteurs ne savent pas qui l'a loué, et dans quel but.

  • Cinq kamikazes identifiés.

Que sait-on des assaillants pour l'instant ? Cinq des kamikazes ont pu être identifiés. Les deux derniers en date sont Ahmad Al Mohammad et Samy Amimour, a annoncé le parquet lundi vers 10 heures.

- Ahmad Al Mohammad a été retrouvé mort à proximité d'un passeport syrien près du stade de France. "A ce stade, si l’authenticité du passeport au nom de Ahmad Al Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idlib (Syrie) reste à vérifier, il existe une concordance entre les empreintes papillaires du kamikaze et celles relevées lors d’un contrôle en Grèce en octobre 2015", détaille le parquet dans un communiqué.

- Concernant Samy Amimour, 28 ans, né à Paris et originaire de Drancy, il a été mis en examen en octobre 2012 pour association de malfaiteurs terroriste (projet de départ avorté vers le Yémen) et placé sous contrôle judiciaire. Violant son contrôle judiciaire à l’automne 2013, un mandat d’arrêt international a été délivré contre lui. Il se serait rendu Syrie il y a deux ans après s'être radicalisé. Trois personnes de son entourage familial se trouvent en garde à vue depuis lundi matin.

- On savait déjà que l'un des terroristes ayant attaqué le Bataclan était né le 21 novembre 1985 à Courcouronnes, dans l'Essonne. Il s'agit d'Omar Ismaïl Mostefaï, un trentenaire qui "depuis 2010, l'objet d'une fiche S auprès de la DGSI pour radicalisation". Il serait allé en Syrie d'octobre 2013 au printemps 2014 et aurait été signalé à deux reprises par la Turquie à la France, selon un responsable gouvernemental turc.

- Les enquêteurs avait également déjà identifié Brahim Abdeslam, un des frères de Salah Abdeslam. Âgé de 31 ans, il s'est fait sauter boulevard Voltaire. Un troisième membre de la fratrie est également en garde à vue en Belgique.

- Un autre Français, Bilal Hafdi, l'un des kamikazes du stade de France, a enfin été identifié. Inconnu de la justice française, mais connu de la police belge pour braquage, ce jeune homme de 20 ans vivait en Belgique.

  • Un Belge commanditaire ?

Le Belge Abdelhamid Abaaoud (son portrait ici), qui se trouve actuellement en Syrie, est par ailleurs soupçonné d'être le commanditaire des attentats qui ont frappé vendredi Paris et Saint-Denis. Le nom de cet homme est apparu dans plusieurs enquêtes de l'antiterrorisme en France, notamment dans celle sur un projet d'attentat déjoué contre une salle de concert, a précisé cette source.

  • La connexion syrienne

Les djihadistes partis en Syrie sont depuis 2012 la principale crainte des services antiterroristes. La France et la Belgique sont parmi les pays européens les plus concernés. Objet d'une fiche S de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en 2010, mais passé sous les radars depuis, Mostefaï a très vraisemblablement séjourné en Syrie en 2014. En est-il revenu avec des instructions ? Quid des autres auteurs présumés des attaques ? A-t-on affaire à un commando de vétérans du djihad dans les zones irako-syriennes ? Au Bataclan, les kamikazes ont évoqué l'Irak et la Syrie.

Un passeport syrien, au nom d'Ahmad alMohammad, 25 ans, a été retrouvé au Stade de France. Il existe une concordance entre les empreintes papillaires du kamikaze retrouvé mort près de ce passeport et celles relevées lors d’un contrôle en Grèce en octobre 2015. Il a déposé une demande d'asile en Serbie et sa trace a été perdue en Croatie. Son nom est inconnu des services antiterroristes français. Les Français restent prudents sur les conclusions: le passeport est-il authentique ? Peut-il avoir été volé ou vendu ? 

  • Que sait-on sur le parcours des assaillants ?

Tout s'est déroulé en 25 minutes. Des attaques qui sont survenues, d'un côté aux abords du Stade de France, de l'autre à l'intérieur de Paris. Les terroristes, d'après François Molins, se sont répartis en trois équipes : l'une au stade de France, l'autre dans les rues du Xe et XIe arrondissement, et une dernière chargée de la sanglante prise d'otages au Bataclan.

1re équipe, au Stade de France. Il est 21h20 quand la première explosion retentit, rue Rimet, près de la porte D du stade, à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Une victime est tuée par le souffle de l'explosion. Les deux autres détonations interviennent à 21h30, porte H, et 21h53, à 400 mètres du stade. Là bas, trois kamikazes, armés de ceintures explosives, se sont fait exploser. La ceinture de l'un d'eux était même composée de boulons, pour "contribuer à aggraver le mécanisme et le souffle de l’explosion", a indiqué le procureur Molins. 

2e équipe, dans les rues de la capitale. A Paris, la deuxième équipe, qui circulait à bord d'une Seat Leon noire, va frapper en quelques minutes, à trois endroits différents dans un périmètre resserré, trois terrasses de café et restaurants. la première fusillade survient à 21h25, à l'angle de la rue Bichat et de la rue Alibert, dans le Xe (au moins 15 morts). A 21h32, la fusillade se poursuit rue de la Fontaine-au-Roi, puis quatre minutes plus tard, rue de Charonne, dans le XIe (au moins 19 morts). Enfin, à 21h43, un kamikaze se fait exploser boulevard Voltaire, non loin de la place de la Nation. 

3e équipe, le commando du Bataclan. L'attaque la plus meurtrière (au moins 89 morts), celle du Bataclan, débute à 21h50 - au même moment que la troisième explosion aux abord du stade de France. Après avoir fait irruption dans la salle de concert du XIe arrondissement de Paris et tiré en rafales sur la foule, trois terroristes prennent en otages les spectateurs : "le public a été regroupé devant la fosse, devant l’orchestre, ce qui explique que ce soit là que l’on trouve le plus de victimes", a précisé François Molins. Par ailleurs, selon les informations d'Europe 1, un couple de spectateurs, qui assistait au concert et a été auditionné de longues heures par les enquêteurs, aurait vu une femme, non armée, parmi le commando terroriste.

 

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