Attaques de l'Aude : le film des événements par ceux qui les ont vécus

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G.S. avec Benjamin Peter et AFP , modifié à
Plusieurs employés et clients du Super U attaqué par Radouane Lakdim racontent l'attaque du magasin, qui s'est soldée par deux morts. 

Vendredi, un homme de 25 ans a frappé le département de l'Aude, autour de la ville de Carcassonne, faisant quatre morts et plusieurs blessés graves. Deux des victimes, un boucher et un gendarme qui avait pris la place d'un otage, sont mortes dans l'attaque d'un Super U, où le meurtrier, lié à l'Etat islamique, a été abattu. Samedi, plusieurs clients et employés du magasin rescapés racontent ce qu'ils ont vécu. 

"J'ai eu de la chance". Il était près de 11 heures quand André se dirige vers les caisses. Il est venu faire ses courses, comme tous les vendredis matin, lorsqu'il entend une première détonation. "On aurait dit des pétards. Après, on a entendu crier. Puis au second coup de feu, je me suis couché. Je l'ai vu qui suivait le long des caisses avec la main en l'air. J'ai vu une personne au sol. Puis après une personne nous a amenés vers le frigo", témoigne-t-il sur Europe 1. Enfermé dans la chambre froide avec des clients et des employés du magasin, il va y rester une demi-heure avant de s'enfuir par une sortie de secours et de rejoindre le garage tout proche.

Camille, elle, travaille à la boulangerie du Super U, et s'est précipitée vers la sortie rapidement après l'attaque. Elle est consciente de l'avoir échappé belle. "J'ai entendu les coups de feu, j'ai ouvert la porte. Sur le coup, crise de panique, je suis partie vers la sortie de secours. J'ai eu de la chance qu'il y ait cette issue. On a pas réfléchi, on a couru", raconte-t-elle. 

"Il m'a tiré deux fois dessus. Il tirait mal". "J'ai compris tout de suite." Christian, policier à la retraite, était dans le supermarché U de Trèbes, en train de faire ses courses, lorsque Radouane Lakdim a fait irruption dans l'établissement, vendredi. "J'ai attrapé ma femme, ma belle-sœur et les clients qui étaient à côté", pour les mettre à l'abri dans un réfrigérateur, a-t-il confié au micro d'Europe 1. J'ai foutu le camp." Il est ensuite retourné "à proximité" de l'assaillant, qui "avait une arme de poing et un couteau" : "Quand il m'a vu, il m'a couru après. (...) J'ai foutu le camp." Christian a finalement réussi à sortir du supermarché et a donné la "position" et le "signalement" du preneur d'otages aux gendarmes présents.

"Moi, j'étais à cinq mètres de lui", a raconté de son côté un vigile du supermarché, interrogé par l'AFP. "Il m'a tiré deux fois dessus. Il tirait mal", dit-il soulignant que dans ces cas-là, "on n'a pas le temps de réfléchir : vous faites demi-tour et vous partez". "J'ai évacué le personnel, je les ai fait passer par derrière pour les éloigner de la zone, une vingtaine de personnes peut-être. J'ai pas trainé", a poursuivi cet homme qui a 22 ans de métier dans l'armée.

"Une balle dans la tête à bout portant". "On a fait sortir des collègues et des clients par la porte de secours à l'arrière", a confirmé Jacky, collègue de travail d'une des victimes à la boucherie du supermarché. "Il a été tué d'une balle dans la tête à bout portant. Cela faisait 15 ans que l'on travaillait ensemble à la boucherie. C'est un copain, un bon vivant", a-t-il ajouté. Tous les témoins ont dû être entendus par la police judiciaire vendredi. Une cellule psychologique a également été mise en place devant la mairie.