Attaque d’Orly : le profil de l'assaillant se précise

L'homme a été abattu après s'être emparé du Famas d'une militaire à Orly samedi matin. © CHRISTOPHE SIMON / AFP
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G.D. avec AFP , modifié à

L’homme qui a été abattu samedi matin à l’aéroport d’Orly était un ancien braqueur multirécidiviste, qui avait présenté des signes de radicalisation en prison.

Il était prêt à aller "jusqu'au bout" : Ziyed.B, l'homme abattu samedi à l'aéroport d'Orly après avoir attaqué des militaires, était un braqueur, délinquant multirécidiviste, qui avait montré par le passé des signes de radicalisation en prison. Il était "là pour mourir par Allah" et promettait "des morts" : ses derniers mots, rapportés par le procureur de la République de Paris François Molins, dessinent "un individu extrêmement violent", avec une intention terroriste, déterminé à "aller jusqu'au bout" de son "processus destructeur", a estimé le magistrat. Son passé judiciaire esquisse le profil d'un délinquant chevronné, habitué des tribunaux et des séjours derrière les barreaux.

Il a passé une quinzaine d'années en prison. Ziyed.B, Français de 39 ans né le 14 février 1978 à Paris et d'origine tunisienne, était fiché "J", signifiant qu'il était recherché par la police judiciaire. Son casier judiciaire comporte "neuf mentions" pour des faits de droit commun, dont des vols à main armée et du trafic de stupéfiants. Il avait fait plusieurs passages en prison, dont le dernier était en 2016. Il était depuis sous contrôle judiciaire et faisait depuis l'objet d'une interdiction de quitter le territoire. Il a notamment été condamné à cinq ans de prison en 2011 pour des vols à main armée et à trois et cinq ans de prison en 2009 pour trafic de stupéfiants. Selon les informations d'Europe 1, il est sorti en novembre dernier de la prison de Fresnes.

Signalé comme radicalisé en prison en 2011. Les services de renseignement l'avaient "repéré comme radicalisé à l'occasion d'un passage en détention au cours des années 2011-2012", mais n'était pas fiché S. Une perquisition administrative, réalisée dans le cadre de l'état d'urgence après les attentats de Paris en novembre 2015, n'avait cependant "rien donné". Par ailleurs, aucun séjour à l'étranger, en particulier vers la zone irako-syrienne, n'a été pour l'instant établi, selon le procureur de la République de Paris, François Molins.

Décrit comme "fragile psychologiquement". Trois personnes de son entourage étaient entendues en garde à vue samedi : son père, son frère et un cousin, qui se sont présentés spontanément à la police. Ce dernier avait rencontré l'assaillant durant la nuit qui a précédé les faits. Selon une source proche de l'enquête, le père et le frère ont déclaré aux enquêteurs avoir été appelés vers 7h15 samedi matin par l'assaillant qui leur a dit : "J'ai fait des bêtises, j'ai tiré sur des gens et on m'a tiré dessus". Le père, un retraité tunisien vivant à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, ne comprend pas et n'imagine pas de connotation terroriste dans le geste de son fils, consommateur de drogues, qu'il décrit comme "fragile psychologiquement". 

Un homme sombre et enfermé. Plusieurs voisins ont décrit à l'AFP un homme sombre et renfermé, que nul ne connaissait réellement. Il semblait solitaire. Nul n'avait idée de son passé carcéral, ni de sa mise en examen dans une affaire de cambriolage. "La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a trois jours. Il avait l'air déterminé comme s'il voulait en découdre avec sa famille ou ses collègues (...) Cet homme vivait recroquevillé chez lui", confie Hamid, un voisin de son immeuble à Garges-Lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise. 

Sous l'emprise de drogues ? Une perquisition a été menée à son domicile samedi, au cours de laquelle quelques grammes de cocaïne et une machette ont été retrouvés. Une autopsie doit être réalisée dimanche qui permettra notamment de déterminer si l'assaillant était sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants au moment des faits. Il s'agira aussi pour les enquêteurs d'éclairer son profil psychologique et ses motivations. L'enquête va également s'attacher à rechercher d'éventuelles complicités.