Un policier blesse un ado au flash-ball : un an de prison avec sursis

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avec AFP , modifié à
Dans cette rare affaire de blessure grave au flashball arrivée devant la justice, le tribunal de Bobigny a également condamné le policier à l'origine du tir à une interdiction d'exercer pendant un an.

Le visage tuméfié du jeune Geoffrey Tidjani avait fait le tour des médias. Ce lycéen, alors âgé de 16 ans, avait été blessé par un tir de flash-ball le 14 octobre 2010 dans une manifestation contre la réforme des retraites, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Dans cette rare affaire de blessure grave au flashball arrivée devant la justice, le tribunal de Bobigny a condamné le policier à l'origine du tir à un an de prison avec sursis, interdiction de port d'arme pendant deux ans et un an d'interdiction d'exercer. Il dispose désormais de dix jours pour faire appel de cette décision. Dans ce dossier considéré comme emblématique par les opposants à l'usage du flashball par la police, un an de prison avec sursis avait été requis en mars à son encontre.

Six opérations. Alors qu'il était en train de pousser une poubelle devant son établissement scolaire afin de bloquer l'accès au bâtiment, l'adolescent avait été grièvement blessé à l'œil et au visage, en recevant un projectile de flash-ball tiré par la police. Victime de fractures de la pommette et de la mâchoire et d'une hémorragie de l'œil gauche qui avait failli causer sa perte, Geoffrey avait dû subir six opérations faciales pour sauver son oeil. Son état de santé n'est toujours pas stabilisé quatre ans après les faits, même si les cicatrices, très impressionnantes après les faits, sont désormais discrètes.

"Pas l'ombre d'une situation de légitime défense". "Il n'y a pas l'ombre d'une situation de légitime défense dans ce dossier", avait souligné le procureur, demandant également une interdiction professionnelle de deux ans et l'interdiction de porter "toute arme" pendant cinq ans. Le procès avait jeté une lumière peu glorieuse sur l'usage du flashball par la police : les procédures avaient été piétinées, la visée, tout comme la formation des tireurs, n'était qu'approximative, et la conscience du danger d'une arme qui peut tuer, partielle.

Un procès verbal mensonger. Surtout, le policier était accusé d'avoir menti sur procès-verbal pour se couvrir et incriminer sa victime, qu'il accusait d'avoir "eu une attitude menaçante et dangereuse" et "jeté des projectiles". Plusieurs témoignages et surtout deux vidéos anonymes ont réduit en poussière la version du policier, qui avait été jusqu'à évoquer "une pluie de projectiles" voire une "lapidation des policiers".

Le gardien de la paix, un homme à la carrure massive qui avait troqué devant le tribunal l'uniforme pour un costume gris, avait tenté de se justifier maladroitement. Il avait notamment expliqué avoir tiré au flashball car il "n'avait que ça sous la main".

Une des toutes premières affaires devant la justice. Sa condamnation serait l'une des toutes premières pour des faits de ce type, depuis l'introduction il y a plus de dix ans du flashball dans l'arsenal des forces de l'ordre. Peu de dossiers sont arrivés jusqu'aux tribunaux, et parmi eux, seules deux condamnations ont été recensées.

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