Travail illégal : des soupçons contre Bouygues

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avec AFP

Des "charges sérieuses" de travail illégal pèsent contre Bouygues sur le chantier du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche) après deux ans d'enquête préliminaire, a indiqué jeudi le parquet de Cherbourg. "La première phase d'enquête (pour travail illégal) est terminée. Les charges sont sérieuses", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Cherbourg Eric Bouillard qui décidera d'ici à la fin de l'année d'engager ou non des poursuites.

Une source judiciaire proche de l'enquête a par ailleurs assuré qu'il y avait "beaucoup" de probabilités que l'enquête aboutisse à un procès en correctionnelle, sans doute début 2014. Des dirigeants de Bouygues, d'EDF - dont le directeur du chantier Antoine Ménager - avaient été placés en garde à vue en novembre dans le cadre de cette enquête, mais ils sont ressortis sans poursuite. "Dans le procès verbal qui m'est remis par les enquêteurs, ils (Bouygues) sont mis en cause en leur qualité de donneur d'ordre. Ce n'est pas le cas d'EDF", a confirmé Eric Bouillard qui avait annoncé en juillet 2011 l'ouverture d'une enquête préliminaire pour travail dissimulé visant notamment le groupe de BTP.

Deux sous-traitants de Bouygues sont accusés de ne pas avoir payé leurs cotisations sociales, de prêt illicite de main d'oeuvre et de marchandage. Il s'agit de l'entreprise roumaine Elco et de la chypriote Atlanco, avec qui Bouygues avait annoncé rompre son contrat en juillet 2011 juste après l'annonce des irrégularités. Environ 700 salariés, essentiellement Roumains et Polonais, ayant travaillé sur l'EPR entre 2008 et 2012, sont concernés, selon le parquet. Les deux sociétés auraient une dette d'au moins 10 millions d'euros de cotisation à l'égard de l'Urssaf, en grande partie liée au chantier de l'EPR, selon le parquet. Dans cette enquête il est également question de sous-déclaration des accidents du travail, selon le parquet.