Prison : 115 suicides en 2009

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Face à la hausse des suicides, la ministre de la Justice veut améliorer les conditions de détention.

115 détenus ont mis fin à leurs jours en 2009, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente, au cours de laquelle l’administration pénitentiaire avait recensé 109 suicides. Un bilan que la ministre de la Justice a qualifié de "dramatique", lors d'une conférence de presse lundi après-midi.

Michèle Alliot-Marie planche actuellement sur une réforme du système carcéral, qu’elle souhaite "humaniser". Selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée à la mi-décembre, la France détient le taux de suicides en prison le plus élevé de l'Europe des Quinze : une moyenne de 20 suicides pour 10.000 détenus, entre 2002 et 2006.

Malgré des suicides en augmentation, elle s’est félicitée de l’effet positif des mesures arrêtées en septembre pour prévenir le suicide dans les prisons : la généralisation de "kits de protection" (matelas anti-feu, draps indéchirables, pyjamas en papier à usage unique pour éviter les pendaisons) et formations pour les personnels pénitentiaires, afin de "détecter les détenus qui présentent un risque suicidaire et de mieux les accompagner".

Pierre Botton était aux côtés de Michèle Alliot-Marie pour cette conférence de presse. Cet ancien détenu, très médiatisé pendant les années 90, a été chargé de mener une mission sur la prison, afin d’améliorer les conditions de détention, mais aussi de valoriser le travail des surveillants pénitentiaires.

Condamné pour avoir financé illégalement les campagnes de son ex-beau-père, l'ancien ministre et maire de Lyon Michel Noir, Pierre Botton a passé exactement 602 jours en détention. "Je sais de quoi je parle", a-t-il expliqué dans une interview au Figaro.

"C'est grâce à la prison et à l'ensemble du système judiciaire que j'ai changé et qu'aujourd'hui j'ai des rapports avec mes enfants complètement différents", raconte l’ancien détenu, qui a failli faire une tentative de suicide au cours de ses premiers mois d’incarcération. Un surveillant de prison a réussi à déceler à temps son malaise pour aborder le sujet avec lui et le dissuader.

Au cours de cette conférence, la ministre de la Justice a également présenté plusieurs autres pistes de réflexions. Une expérimentation, dont les contours demeurent encore flous, devrait notamment être menée à la prison de Nanterre, un établissement accueillant un grand nombre de jeunes. Le nouveau programme immobilier prévoyant près 5 000 places supplémentaires, afin de limiter la surpopulation carcérale, privilégie la construction des établissements de taille moyenne, de 600 places au plus.