Les voleuses étaient achetées en Serbie

Un réseau serbe qui forçait des filles à cambrioler des maisons en France a été démantelé.
Un réseau serbe qui forçait des filles à cambrioler des maisons en France a été démantelé. © MAX PPP
  • Copié
avec AFP
Un réseau serbe qui forçait des filles à cambrioler des maisons en France a été démantelé.

Entre 20 et 100.000 euros. C'est le prix payé par une famille tzigane, installée dans le Nord de la France, pour acheter des jeunes filles originaires de Serbie afin d'en faire des cambrioleuses hors pair. Le réseau, qui s'étendait jusqu'en Belgique et en Allemagne, a été démantelé mardi et douze personnes ont été mises en examen.

RSA et grosses berlines

L'enquête a commencé en 2011 lorsque la police remarque une augmentation inexpliquée du nombre de cambriolages dans les environs de Lille. Après plusieurs semaines de surveillance, les policiers identifient deux jeunes femmes, qui avaient déjà opéré dans d'autres pays européens. Leur enquête leur permet ensuite de remonter à une famille, véritable clan mafieux, installée dans des HLM de Ronchin et Faches-Thumesnil, dans la banlieue sud de Lille. C'est leur train de vie luxueux, et notamment les grosses berlines allemandes dernier cri peu compatibles avec le RSA qu'ils déclaraient, qui a mis la puce à l'oreille de la police.

Un "mercato de voleuses"

L'organisation était bien rodée : "les voleuses de premier niveau étaient achetées à la famille, en Serbie, dans le cadre d'un pseudo-mariage. Elles étaient revendues ensuite pour former d'autres équipes", explique le lieutenant-colonel Eric Matyn, commandant de la section de recherches de Lille de la gendarmerie nationale. Différents clans se livraient ensuite à une sorte de "mercato de voleuses, avec une évolution des prix". "Si la voleuse était moins bonne, c'était 40.000 euros. L'agent traitant suivant pouvait monter jusqu'à 70.000 euros si elle avait réalisé les objectifs qui lui avaient été assignés", poursuit le policier.

Chaque fille avait donc un secteur particulier, qu'elle devait ratisser. "Si la voleuse était repérée, le clan la reprenait et la mettait pendant deux ou trois mois à l'abri dans une maison dédiée, avant d'être remise dans le circuit ou revendue", ajoute l'enquêteur.

Un réseau international et mobile

Le réseau agissait dans toute la France, mais aussi en Allemagne et en Belgique en s'appuyant sur "une diaspora linguistique -ils parlent romani", explique Eric Matyn. "Ils ont déjà eu maille à partir avec la justice belge et ils sont venus à Lille pour remonter leur réseau", a-t-il ajouté.

Le butin de ces mois de cambriolages est impressionnant. Outre ce qui a déjà sans doute été revendu, notamment via un bijoutier d'Anvers en Belgique, les enquêteurs ont saisi  14 kilos d'or - composés essentiellement de bijoux -, plus de 200 montres de luxe, des fourrures, des armes mais aussi 40.000 euros en liquide. La police pourrait utiliser Internet pour diffuser des images des biens saisis et tenter de retrouver leurs propriétaires.

Huit personnes en prison

Lors de l'opération menée mardi, seize personnes ont été arrêtées - douze en régions lilloise et parisienne, trois en Belgique et une en Allemagne. Douze ont été mises en examen samedi, notamment pour traite des êtres humains en bande organisée, vol ou tentative de vol en bande organisée ou encore blanchiment, et huit d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt.