Le juge Courroye poursuivi pour homicide involontaire

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avec AFP , modifié à
JUSTICE - Le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour "homicide involontaire" et "harcèlement moral", trois ans après le suicide d'un substitut de l'ex-procureur de Nanterre.

Dans la nuit du 6 au 7 mars 2012, Lionel Beauvais, subsitut de l'ex-procureur de Nanterre Philippe Courroye, mettait fin à ses jours. Trois ans plus tard, le 10 février 2015, le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour "homicide involontaire" et "harcèlement moral".

Lionel Beauvais, 50 ans, s'est pendu à son domicile de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne. Auparavant, le magistrat avait fait part d'angoisses à des collègues, se disant surveillé à son domicile et à son bureau. Il avait également affirmé à sa hiérarchie que son ordinateur personnel était espionné. 

Une plainte de sa veuve. En septembre dernier, sa veuve avait déposé plainte contre X en septembre au parquet de Nanterre pour "demander une enquête approfondie qui établisse sérieusement les conditions de travail de Lionel Beauvais à l'époque", a résumé son avocat François Saint-Pierre. L'affaire a ensuite été dépaysée et vient d'être confiée à deux juges d'instruction de Versailles.

Une enquête menée par le parquet de Créteil, territorialement compétent, n'avait pas établi de lien entre la mort de Lionel Beauvais et ses conditions de travail. "A part l'adjointe de M. Courroye, Marie-Christine Daubigney qui a été auditionnée de manière informelle, il n'y a eu aucune audition des autres substituts et procureurs de la République adjoints", a regretté Me Saint-Pierre, concluant à une "absence d'enquête". "Il n'y avait pas à faire ce type d'investigations car rien ne laissait paraître d'un lien avec son métier", a estimé une source judiciaire décrivant un homme atteint "d'une maladie psychiatrique, de paranoïa", qui "consultait sur son ordinateur de travail beaucoup de sites sur ce sujet".

Mais, explique Me Saint-Pierre, "nous souhaitons que différents magistrats qui ont travaillé avec M. Beauvais soient auditionnés, pour qu'ils apportent un récit circonstancié de son travail".

Ambiance "délétère". Dans le cadre d'un audit lancé par la Chancellerie à la demande de magistrats de Nanterre, l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) avait reproché dans un rapport de mai 2013 à "l'ancien procureur" très critiqué pour sa proximité avec Nicolas Sarkozy et sa gestion de l'affaire Bettencourt, un "goût peu marqué pour l'administration de la juridiction dans son ensemble", marquée par une ambiance "délétère". L'avocat de la veuve a également pointé "une carence dans l'organisation d'un service médical de prévention" au sein de la juridiction.

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