L'impossible deuil des parents d'Anissa

L'enterrement de la petite Anissa avait suscité une vive émotion à Etampes en 2009
L'enterrement de la petite Anissa avait suscité une vive émotion à Etampes en 2009 © Maxppp
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avec Pierre Rancé , modifié à
Deux ans après la mort de leur fille lors d'un accident d'hydrospeed, ils réclament justice.

C'était le 2 août 2009. Anissa, 11 ans, trouvait la mort dans les eaux de la Durance lors d'un stage de vacances organisé autour de la découverte des sports en eau vive dans les Hautes-Alpes. Anissa est restée coincée sous une barre de fer de 12 mètres de long qui traversait la rivière. Comment un tel drame a-t-il pu survenir ? Deux ans après le drame, les parents d’Anissa n’ont toujours pas de réponse.

Que faisait dans l’eau cette barre métallique sous laquelle Anissa s’est noyée ? Pourquoi le moniteur qui accompagnait les enfants n’était-il qu’un stagiaire ? Et pourquoi ceux qui étaient présents ce jour-là ne sont pas mis en cause ? Tout ceci empêche Mourad, le père de la fillette, de faire son deuil.

"Je n’y arrive pas depuis que c’est arrivé", explique-t-il à Europe 1, la voix étranglée par les sanglots. "Ma femme, pareil. On attend encore notre fille. On a l’impression qu’elle n’est pas décédée. On l’attend étant donné qu’on ne sait rien, qu’on ne comprend pas. On n’en a pas après qui que ce soit. Ce qu’on voudrait justement, c’est qu’il y ait un procès public et équitable", conclut-il.

"On attend encore notre fille" :

Un non lieu redouté à la fin de l'été

Ouvert pour homicide involontaire, le dossier a été confié au juge d’instruction du tribunal de Gap dans les Hautes-Alpes. De son côté, l’avocat de la famille d’Anissa, Me Franck Natali dénonce de nombreux dysfonctionnements et demande désormais le dépaysement du dossier.

"Il y a manifestement des blocages dans cette procédure puisque de fait, on peut envisager et craindre qu'il y ait un non lieu qui soit prononcé à la fin de cet été", souligne Me Franck Natali. "Les parents ne le supportent pas. Ils ne peuvent même pas l'envisager. Ils veulent que cette instruction soit poursuivie dans les conditions normales de fonctionnement d'une instruction judiciaire et qu'on aille au fond des choses", poursuit l'avocat des parents d'Anissa.

Le dépaysement du dossier demandé

"Depuis le début de cette affaire, on demande une reconstitution, pas de reconstitution. On demande des confrontations, pas de confrontations. On demande des auditions de témoins, pas d'auditions de témoins. Mais pourquoi refuse-t-on aux parents de cette petite des actes qui au demeurant sont extrêmement simples et qu'on obtient dans tous les autres dossiers ?", s'interroge Me Natali.

"Il y a par ailleurs des problèmes sérieux de fonctionnement dans cette juridiction de l'instruction à Gap qui nous permettent de penser que les conditions d'une instruction sereine ne sont aujourd'hui plus réunies. Comme dans d'autres affaires cela a été fait, nous avons demandé le dépaysement de ce dossier devant une autre juridiction d'instruction", conclut-il.