L’affaire Toscan du Plantier relancée

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Un mandat d'arrêt international contre un journaliste anglais a été émis en février.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Toscan du Plantier. Un juge parisien, qui a repris l’enquête sur le meurtre de Sophie Toscan du Plantier en 1996 en Irlande, a émis le 19 février dernier un mandat d'arrêt international contre un journaliste anglais. La justice irlandaise a accusé réception le 9 mars de ce mandat d'arrêt européen, selon une source proche du dossier.

Le juge français qui poursuit l'instruction a découvert des contradictions entre un témoin et le principal suspect, le journaliste.

Le journaliste indépendant anglais, Ian Bailey, a été entendu à deux reprises par la police irlandaise et a même été placé en garde à vue durant 24 heures. Pour autant, il n'a jamais été inculpé faute de preuve. Lui-même a toujours clamé son innocence.

Qui est Ian Bailey ?

Ian Bailey, qui travaillait pour plusieurs journaux anglais, avait fait naître les soupçons en étant parmi les premiers sur les lieux du crime puis en faisant état dans des articles d'éléments que seuls les enquêteurs et le meurtrier étaient censés connaître. Le journaliste avait également été visé par le témoignage d'une femme, Marie Farrel, qui affirmait avoir vu le journaliste indépendant la nuit du meurtre vers 3 heures, rôdant à proximité du domicile de la victime. Mais cette femme s'était ensuite rétractée en accusant la police irlandaise de lui avoir soufflé ses déclarations.

Le journaliste anglais a appris l'existance du mandat d'arrêt européen via les médias. Il s'est dit "perplexe", selon son avocat qui a confirmé que son client se trouvait actuellement en Irlande et n'avait pas été approché par la police à ce stade.

Retour sur l’affaire

Sophie Toscan du Plantier a été assassinée le 23 décembre 1996 dans sa résidence de vacances en Irlande. L'épouse du producteur et ancien patron de Gaumont Daniel Toscan du Plantier, aujourd'hui décédé, avait été retrouvée par les policiers le crâne fracassé sur le chemin menant à sa maison de campagne près du village de Skullet et le corps couvert d’une quarantaine de blessures.

L'affaire n'a jamais été élucidée. Personne n'a été mis en examen en Irlande pour ce meurtre. L'agresseur avait frappé la nuit à la porte de sa cuisine. Sophie Toscan du Plantier avait ouvert, apparemment sans méfiance. Sa famille, qui a déposé plusieurs plaintes en France, s'est constamment battue pour faire progresser l'enquête.

"C'est une étape importante même si Ian Bailey dispose de nombreuses voies de recours et va sans doute saisir la 'High Court' irlandaise", a commenté l'un des avocats de la famille Toscan du Plantier, Me Alain Spilliaert.

En décembre 2005, les parents de la victime, Georges et Marguerite Bouniol, avaient publié une lettre dans l'Irish Times accusant le meurtrier de "lâcheté et de perversité" et disant leur détresse de ne pas savoir qui a tué leur fille. Ils se rendent chaque année en Irlande pour un office à la mémoire de leur fille et déposent une gerbe à l'endroit où son corps a été retrouvé.

La dépouille de Sophie Toscan du Plantier avait été exhumée le 1er juillet 2008 du cimetière de Cambrai en Lozère pour permettre des analyses ADN mais celles-ci n'avaient rien donné.