Ils convoyaient des clandestins en Monospace

Une filière de transport de sans papiers indiens et pakistanais, opérant à l’intérieur même des frontières européennes, a été démantelée.
Une filière de transport de sans papiers indiens et pakistanais, opérant à l’intérieur même des frontières européennes, a été démantelée. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Pierre de Cossette
INFO E1 - Un réseau de passeurs de sans papiers atypique a été démantelé ces dernier jours par les polices françaises et portugaises.

Quatorze personnes interpellées. On connaissait les passeurs pour faire entrer des clandestins à l’intérieur de l’espace Schengen. Cette fois, c'est une filière de transport de sans papiers indiens et pakistanais, opérant à l’intérieur même des frontières européennes, qui a été démantelée. Selon les informations recueillies par Europe 1, quatorze personnes ont été interpellées en France et au Portugal, les 13 et 14 décembre dernier, dans le cadre d’un vaste coup de filet menée conjointement par les polices française et portugaise. Les suspects devraient être déférés devant un juge dans les jours qui viennent.

Des pilotes en règle, des passagers clandestins. Tout a commencé par de banals contrôles de police à l’été 2012, à la frontière franco-espagnole. A Hendaye, des policiers de la Police aux Frontières arrêtent alors une série de voitures immatriculées au Portugal et transportant des hommes et des femmes d'origine indienne et pakistanaise. Les conducteurs des véhicules sont en règle mais leurs passagers sont des clandestins. Certains d’entre eux ont payé 300 euros pour être déposés aux portes de Paris, d'autres ont pour leur part déboursé jusqu'à 1.500 euros pour rejoindre la Grande-Bretagne.

"Comme une compagnie de bus". Après un an de filatures et de surveillance, les policiers de l’Ocriest, l'Office Central pour la Répression de l'Immigration irrégulière et de l'Emploi d'étrangers sans titre, ont permis de mettre au jour le fonctionnement du réseau. "C’était comme une compagnie de bus", explique le commissaire Julien Gentile, patron de l’Ocriest, au micro d’Europe 1. "Ils faisaient des convois de cinq à dix voitures", précise-t-il. Ceux-ci étaient à chaque fois précédés d’une voiture ouvreuse, sans passagers clandestins, qui partait avec trente minutes d’avance sur l’ensemble du convoi de voitures monospaces.  

Dénués de tout papier. "Les clients de ce réseau étaient des clandestins, qui, pour certains, étaient présents dans l’espace Schengen depuis une dizaine d’années", souligne le commissaire Gentile. "Ils avaient besoin d’une infrastructure pour circuler à l’intérieur de cet espace, avec un minimum de sécurité, puisque naturellement, ils sont dénués de tout papier", poursuit-il. Outre la France et la Grande-Bretagne, les convois prenaient également parfois la direction de l’Allemagne et de l’Italie.

Un trafic juteux. Au total, les convois hebdomadaires orchestrés par ce réseau ont permis  d’acheminer plus d’un millier de clandestins via plus de 400 trajets. Le trafic a rapporté entre 500.000 et 1 million d'euros, réexpédiés vraisemblablement par mandat cash en Inde et au Pakistan. Parmi les quatorze personnes arrêtées vendredi en France et au Portugal figurent notamment le chef présumé du réseau, interpellé par la police portugaise. L’aide au séjour irrégulier en bande organisée est passible d’une peine de 10 ans de prison.