Fillettes enlevées : des zones d'ombre

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et François Coulon avec AFP , modifié à
- Le couple de ravisseurs a été aperçu dimanche à la terrasse d'un restaurant.

Le mystère demeure dans l'affaire des fillettes disparues samedi à la Flèche, dans la Sarthe. Si les deux sœurs ont été retrouvées saines et sauves dimanches soir vers 21 heures, les enquêteurs tentent d'en savoir plus sur les conditions de l'enlèvement, et le profil des ravisseurs.

24 heures d'enlèvement à éclaircir. Entre 21 heures samedi soir et 21 heures dimanche soir, les deux fillettes ont passé au total 24 heures avec leurs ravisseurs. Durant son audition de 5 minutes, l'aînée des deux soeurs, Charline, âgée de 12 ans, a déclaré avoir séjourné dans un pavillon près de La Flèche. Il pourrait s'agir d'une maison squattée, selon les informations recueillies par Europe 1. Les enquêteurs n'ont pas relevé de sévices sexuels.

Des ravisseurs au profil atypique. Parents d'un bébé de 18 mois, ils seraient âgés d'environ 25-30 ans. Ils n'habitaient pas le quartier où ont été enlevées les petites filles, mais fréquentaient depuis quelques jours les aires de jeu de La Flèche. Tout laisse penser que le couple avait prémédité l'enlèvement en réalisant les jours précédents des repérages dans les alentours. Le profil des ravisseurs ne manque pas d'intriguer les enquêteurs. Carence affective ? Pulsion pédophile ? Rapt commandité par un membre de la famille ? Le mobile de l'enlèvement reste à préciser. Des sources policières assurent qu'ils ne ressemblent pas aux prédateurs et aux pervers habituels, mais plutôt à "des doux dingues qui cherchent de la vie pour leurs enfants". Le mobile "peut être tout simplement affectif, ou une commande", rapporte l'environnement des victimes. 

Reste qu'ils sont toujours introuvables et ce malgré l'amateurisme éloquent dont ils font preuve. D'après Europe 1, un témoin considéré comme fiable et crédible par les enquêteurs a affirmé avoir vu les ravisseurs entre 19 et 20 heures à la terrasse d'un restaurant, non loin de la Sarthe. Toujours selon les informations d'Europe 1, les gendarmes ont pu reconstituer la plaque d'immatriculation du fourgon C15 blanc dans lequel les fillettes ont circulé. Il s'agit d'un véhicule volé au mois de mars dernier et immatriculé dans la Sarthe.

Une autre fillette approchée. David, un père de famille vivant à La Flèche, dans la Sarthe, a confirmé que sa fille, Gwendoline, avait été approchée par le couple de suspects. "Le couple était là, oui, depuis deux ou trois jours avec une petite fille. Ils ont joué avec, pour pouvoir attirer nos enfants. La mienne était aussi dedans, auprès d’eux. Ma petite fille a eu une proposition", a-t-il confié au micro d’Europe 1. Le couple aurait proposé à la fillette "de venir se promener avec eux, d’aller faire un tour".

Gwendoline a alors répondu : "Non, mon papa ne veut pas que je vienne avec vous", selon des propos rapportés par son père. Et l’affaire s’est arrêtée là. "Ils n’ont pas été menaçants", assure le père de famille qui décrit le couple de suspects comme des "gens normaux".

Le rôle de la mère des fillettes ? Samedi vers 21 heures, Charline et Julie, 10 ans, ont demandé à leur mère la permission d'aller se promener en compagnie d'un jeune couple rencontré quelques heures plus tôt sur une aire de jeu. La mère, qui avait déjà aperçu le couple, autorise ses filles à partir avec eux. Mais, vers 1 heure du matin, sans nouvelle de ses enfants, elle alerte la gendarmerie. Une fois retrouvées, les jeunes filles ont été séparées de leurs parents, et ce attendant "que toutes les vérifications soient faites", rapporte le procureur de la République, Joëlle Rieutort. "On n'exclut pas l'option familiale. Les parents restent à la disposition des enquêteurs", ont-ils ajouté.

Les deux fillettes devraient être auditionnées pour préciser les conditions de leur enlèvement. Une audition qui aura lieu dans les prochains jours, les gendarmes veulent en effet leur laisser le temps de se remettre des événements.