Des patients âgés maltraités dans l'Eure

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Frédéric Frangeul avec Walid Berrissoul et AFP , modifié à
Un scandale éclabousse le service gériatrie de l’hôpital de Gisors. Deux aides-soignantes sont mises en cause.

L’INFO. Deux aides-soignantes de l’hôpital de Gisors, dans l'Eure, sont dans le collimateur de leur hiérarchie.  Elles sont soupçonnées d’être à l’origine de mauvais traitements infligés à des patients âgés, selon une information du Parisien-Aujourd’hui-en-France. L'agence régionale de santé (ARS) a été saisie et une enquête de gendarmerie est en cours.

Des photos dégradantes. En mars 2013, un proche d'une des aides-soignantes mises en cause dans cette histoire alerte la direction de l'hôpital. Sur place, des enquêteurs missionnés par le défenseurs des droits, Loïc Ricour, retrouvent cinq photos de pensionnaires, datant de fin 2009-début 2010, et attentatoires à la dignité de ces personnes.

Sur un cliché, une patiente âgée, le regard dans le vide, est photographiée la poitrine nue. Sur un autre, un vieux monsieur, seulement vêtu d’une couche contre les fuites urinaires, est affublé d’un soutien-gorge rembourré. Les patients concernés sont soit très gravement handicapés, soit très âgés et souvent séniles. Tous sont placés sous tutelle.

"J'ai trouvé parfois mon papa, complètement désoeuvré, dans une nudité quasiment totale. Il fallait que nous soyons là pour le recouvrir d'un drap ou simplement faire en sorte que les verres d'eau renversés soient épongés, que la nourriture soit complètement assimilée. Mon père n'est pas un numéro", s'emporte la fille de l'un des pensionnaires au micro d'Europe 1.

Un service en autarcie. L’enquête menée par l’ARS a permis de remonter jusqu'à deux aides-soignantes, dont l'une trentenaire était clairement "la meneuse", raconte le journal. "Pendant longtemps, l'équipe soignante, dans ce service, a fonctionné en totale autarcie", résume un enquêteur. "Il y a plus grave: un rapport rédigé en 2010 par un cadre de l'établissement, signalant sans équivoque des faits de maltraitance, était resté lettre morte", précise le quotidien.  L'actuelle direction, qui n'était pas en poste au moment des faits, a suspendu les agents incriminés.

Un cas isolé ? La ministre déléguée chargée des Personnes âgées, Michèle Delaunay a fait savoir lundi sur LCI avoir "été avertie le 4 avril" de l'affaire: "j'ai demandé au défenseur des droits de se saisir de cette question", a-t-elle souligné. Pour la ministre, il s'agit d'un "cas isolé". Mais "quand il y a maltraitance, n'ayons aucune complaisance", a-t-elle ajouté.

"On est plus sur du comportement individuel que sur des problèmes de maltraitance qui sont liés à des manques de personnels", a également analysé Thierry Calvet, secrétaire CFDT-Santé dans le département de l’Eure, au micro d’Europe 1. "On n’a pas pu prévenir, parce qu’on a n’a pas vu venir les choses. Les personnes incriminées ne se sont certainement pas vantées des agissements qu’elles pouvaient avoir", ajoute-t-il.

Des mesures préconisées. Dans le rapport qu'il vient d'envoyer à la ministre chargée des personnes âgées, Michèle Delaunay, le défenseur des droits recommande d'engager des poursuites disciplinaires, d'interdire aux aides-soignantes mises en cause d'être à l'avenir en contact avec des personnes vulnérables mais aussi qu'une réflexion soit conduite sur le management interne.