Dépression, problèmes de vue : le lourd dossier médical d'Andreas Lubitz

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Jean-Jacques Héry avec Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
Le copilote souffrait d’un important déficit de la vue. Un handicap susceptible de lui coûter sa carrière et qui pourrait être à l’origine de sa dépression. 

Six jours après le crash de l’Airbus A320, qui aurait été volontairement provoqué par Andreas Lubitz, les révélations sur le dossier médical du copilote s’accumulent. En plus d’avoir dissimulé à son employeur Germanwings qu’il était en arrêt de travail le jour du crash, Andreas Lubitz, atteint d’une grave dépression, avait de sérieux problèmes de vue.

Une vision déjà fortement atteinte. C'est le New York Times qui a révélé, samedi, que le copilote de 28 ans suivait un traitement médical pour des problèmes oculaires avec des symptômes qui ne pouvaient qu'empirer au fil du temps. D’après Le Figaro, le jeune homme à l’origine du crash ayant causé la mort des 150 passagers et membres d’équipage, avait déjà perdu 30% de ses facultés visuelles.

Andreas Lubitz, qui a consulté dans un centre hospitalier de Düsseldorf en février et ce mois-ci (pour la dernière fois le 10 mars), l’a peut-être fait à cause de cette déficience visuelle. Si l'établissement avait déclaré qu'Andreas Lubitz n'a pas été soigné dans ses services pour une dépression, il a précisé que le jeune homme avait subi des examens - sans toutefois en dévoiler plus en raison du secret médical.

Des problèmes oculaires pouvant compromettre sa carrière. En tout cas, le jeune homme a dissimulé la situation à son employeur, la compagnie aérienne low cost de Lufthansa, comme il l’a fait pour ses problèmes psychiatriques et pour son arrêt de travail le jour du drame. Car même si les pilotes de ligne n’ont pas besoin d’avoir une vision absolument parfaite, Andreas Lubitz avait sans doute compris que ses problèmes oculaires l’empêcherait un jour de rejoindre la Lufthansa pour voler sur des longs courriers, un rêve qu’il poursuivait depuis l’enfance. Cela pourrait être l’une des causes de sa grave dépression et du mal-être décrit ses derniers jours par ceux qui le côtoyaient.

Un état dépressif connu de tous. Dans sa ville d'origine, Montabaur, l'état dépressif du jeune homme était connu de tous. "Ici on sait que, l'année dernière, il avait fait une dépression. Mais je ne connais pas la raison exacte. Je sais juste qu'il s'est passé quelque chose et qu'il a été suspendu", a témoigné David au micro d'Europe 1 avant d'ajouter qu'Andreas Lubitz avait "à un moment donné [...] reçu la nouvelle comme quoi, puisqu'il était dépressif, il ne pouvait pas voler, il ne pouvait pas exercer son métier". Auditionnée par la police allemande, la petite amie d'Andreas a confirmé qu'il traversait bien une grave dépression. D'après Le Parisien, le jeune copilote souffrait notamment, dès 2010, de troubles anxieux généralisés, souvent appelés "TAG", "une angoisse excessive, qui affecte l'ensemble du quotidien, et s'étale sur plusieurs mois".

Andreas Lubitz

© CApture d'écran Facebook

"En proie à des cauchemars". Dans le quotidien allemand Bild, une ex-compagne d'Andreas, hôtesse de l'air de 26 ans, s'est confiée sur l'état psychologique du jeune homme : "Je l'ai quitté parce qu'il était tourmenté et avait trop de problèmes personnels". "Pendant les discussions, il craquait et me criait dessus [...] La nuit, il se réveillait et criait 'Nous tombons'", en proie à des cauchemars. Mais celle qui a partagé la vie d'Andreas Lubitz durant cinq mois n'oublie pas non plus qu'il était "gentil et ouvert" pendant les vols, "très doux" en privé, "quelqu'un qui avait besoin d'amour". 

D'après elle, si Andreas Lubitz "a fait ça", c'est d'ailleurs "parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long courrier était pratiquement impossible". Le travail semblait obséder Andreas Lubitz, passionné de vol depuis tout petit. "Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et là, il devenait quelqu'un d'autre, il s'énervait à propos des conditions de travail", a rapporté la jeune femme qui a également fait une révélation glaçante : "Il a planifié depuis longtemps de commettre un acte odieux. Un jour, il a dit : ‘je vais faire quelque chose qui changera le système. Alors, tout le monde connaîtra mon nom".

Des soins psychiatriques lors de sa formation. Lors de sa formation au centre de pilotage de la Lufthansa, Andreas Lubitz avait été placé en établissement psychiatrique. C'est ce qu'a révélé le dossier médical du copilote, selon Bild. En 2009, victime d'attaques de peur et de crises de panique, il a dû interrompre son apprentissage durant six mois. Pendant cette formation, le jeune homme avait été jugé à plusieurs reprises incapable de voler car trop faible psychologiquement.

Un turn-over qui empêche de détecter un changement d'attitude. Mais comment le copilote de l'A320 a-t-il pu cacher son état de santé à son employeur et ses collègues, malgré tous les tests effectués par les pilotes pendant leur formation ? Dieter, ancien collègue du commandant de bord de l'A320, fournit une explication : "C’est possible de cacher un problème psychiatrique puisque tous les jours les pilotes changent d’équipe. Quand vous avez 500 pilotes différents, avec le jeu des rotations, un jour vous volez avec le commandant Miller et deux jours après vous vous retrouvez avec le pilote Schmidtt. Vous ne passez pas assez de temps ensemble pour vous dire à un moment ‘tiens, par rapport à la dernière fois où je l’ai vu, il y a  quelque chose d’étrange". Vous ne pouvez pas juger l’évolution du comportement de votre partenaire de vol", a-t-il avancé. 

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