Crash de l'A320 : ce que révèlent les boîtes noires

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avec AFP , modifié à

Les données de la boîte noire trouvée dans les décombres de l'avion mardi ont révélé que lors du crash, un des deux pilotes était coincé hors du cockpit. 

MISE A JOUR. Notre papier a été clôturé jeudi à 12h30 avant la conférence de presse du procureur de la République de Marseille. Celui-ci a révélé que la piste d'un acte volontaire du co-pilote, seul aux commandes au moment du crash, était privilégiée. Il a ainsi évoqué une volonté de "détruire l'appareil".

Pour en savoir plus sur le scénario du crash : le co-pilote était seule aux commandes au moment du crash

Elles contiennent toutes les informations nécessaires à la compréhension des circonstances du crash. Les boîtes noires de l'A320 qui s'est écrasé mardi matin sont donc logiquement au cœur de l'enquête, menée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé des investigations techniques lors des accidents d'avions. Son directeur, Rémi Jouty, a annoncé mercredi que les enquêteurs avaient pu extraire des données utilisables de la boîte noire trouvée dans les décombres de l'avion de la compagnie Germanwings. Et on en sait jeudi un peu plus sur leur teneur. Europe 1 résume ce que l'on sait de ces boîtes noires.

Un des pilotes coincé hors du cockpit. Les données de la boîte noire ont révélé que lors du crash, un seul pilote était dans le cockpit. En effet, après un début de vol habituel, l'un des deux pilotes a quitté la cabine de pilotage et a été dans l'impossibilité d'y retourner, selon des informations du New-York Times et de l'AFP. "Au début du vol, on entend l'équipage parler normalement, puis on entend le bruit d'un des sièges qui recule, une porte qui s'ouvre et se referme, des bruits indiquant qu'on retape à la porte et il n'y a plus de conversation à ce moment-là jusqu'au crash", a indiqué une source proche de l'enquête.

Les deux pilotes s'exprimaient en allemand. Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a indiqué cette même source. On ne sait pas cependant si c'était le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage. Ces informations proviennent de l'audition par les enquêteurs de la boîte noire enregistrant les sons dans le cockpit. Le procureur de la République de Marseille, contacté jeudi par Europe 1, n'a pas démenti ces informations.

Les données de la boîte noire "utilisables". Mercredi, le BEA avait annoncé que la première boîte noire retrouvée était utilisable. "Nous venons de réussir à extraire des données utilisables du CVR", avait déclaré le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), Rémi Jouty. Le "Cockpit Voice Recorder" est l'une des deux boîtes noires, celle qui enregistre tous les sons de la cabine de pilotage et permet d'entendre les conversations entre le commandant de bord et le pilote, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage, ou les alarmes qui ont pu éventuellement retentir.

Malgré quelques difficultés, le BEA a "réussi à en extraire un fichier de données audio utilisable". "Nous savons que c'est bien relatif à ce vol là", a seulement précisé Rémi Jouty. A ce stade, les enquêteurs avaient seulement "pu vérifier que l'enregistrement était de la durée normale et qu'il contenait des sons du vol".

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Mais... aucune explication pour l'heure. Le directeur du BEA n'était toutefois pas en mesure de donner mercredi plus de précision sur le contenu du CVR. "Il est beaucoup trop tôt pour tirer la moindre conclusion sur les raisons du crash", a insisté Rémi Jouty.

Les enquêteurs du BEA vont désormais s'atteler à "un travail détaillé pour comprendre et interpréter à la fois les sons et les voix qui peuvent être entendus sur ce fichier audio", a-t-il ajouté. La tâche du BEA sera dans un premier temps "un travail (...) de compréhension des sons, des alarmes, des voix, d'attribution des voix aux différentes personnes", a détaillé Rémi Jouty.

Des réponses fiables dans "plusieurs mois". L'analyse de la boîte noire se fait, par ailleurs, par étape, a expliqué le spécialiste. "On a en général au bout de quelques jours un premier ensemble approximatif, mais qui contient généralement des erreurs sur lesquelles il faut revenir une fois qu'on affine la compréhension du vol, pour arriver à une transcription dont on est convaincus qu'elle traduit le plus fidèlement possible tout ce qui s'est passé à bord de ce cockpit. Et ça c'est pour le coup un travail qui prend plusieurs semaines, voire plusieurs mois".

Aucune hypothèse fermée. "A ce stade, on ne ferme aucune hypothèse", a insisté Rémi Jouty. Le directeur du BEA était seulement en mesure d'affirmer que l'Airbus "a volé jusqu'au bout", suivi par les radars, et n'a donc pas explosé en vol, comme l'indique la configuration des débris au sol, cohérente avec un impact de l'appareil entier.

La deuxième boîte noire toujours recherchée. A présent, l'autre objectif des gendarmes est de retrouver la deuxième boîte noire, celle qui contient les paramètres de vol et les informations techniques de l'avion, enregistrées jusqu'à l'impact. Contrairement aux rumeurs, elle n'a pas encore été retrouvée. François Hollande a toutefois annoncé mercredi après-midi que son "enveloppe" avait été "retrouvée" mais "pas la boîte noire elle-même". Une information que le directeur du BEA n'a pas confirmé, répétant qu'elle n'avait "pas été localisée".

C'est en croisant ces données avec le contenu des conversations que les experts pourront tenter d'expliquer pourquoi l'Airbus A320 a fait une si longue descente et pourquoi l'équipage n'a pas envoyé de signal de détresse.

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