Corruption, fraude fiscale... : que reproche-t-on aux Balkany ?

© Max PPP
  • Copié
avec Noémie Schulz et AFP , modifié à
Le député-maire UMP de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, entendu mardi au pôle financier de Paris, a été mis en examen pour "blanchiment de fraude fiscale", "corruption" et "blanchiment de corruption".

Après Isabelle Balkany, c'est au tour de son mari, Patrick Balkany, d'être inquiété par la justice. Le député-maire UMP de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, entendu mardi au pôle financier de Paris, a été mis en examen pour "blanchiment de fraude fiscale", "corruption" et "blanchiment de corruption". Son épouse est déjà mise en examen dans cette affaire. Les Balkany sont soupçonnés d'avoir organisé un système d'évasion fiscale. Un mouvement d'argent suspect arrivant sur leurs comptes aurait été observé par les enquêteurs de Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances. Le parquet national financier avait alors élargi l'enquête à des faits présumés de corruption.

>> LIRE AUSSI - Pourquoi Isabelle Balkany a été placée en garde vue ?

Contrats juteux et comptes offshores... Accompagné de son avocat, il n'a fait aucune déclaration à son arrivée, peu avant 14 heures. Il a été entendu par les juges Renaud van Ruymbeke et Patricia Simon. Selon Le Monde, ces derniers disposent de documents, émanant de Tracfin, qui mettent en lumière l'organisation d'un système d'évasion fiscale, via des sociétés écrans et la création de comptes offshores, par le couple Balkany.

L'enquête a basculé il y a un mois, quand les enquêteurs ont auditionné l'industriel belge, George Forrest. En 2008, Patrick Balkany l'a aidé à décrocher un juteux contrat de 500.000 millions de dollars avec la Namibie. Comme c'est l'usage, celui qui apporte l'affaire touche une commission : 5.000 millions d'euros en l’occurrence pour Patrick Balkany. D'autres contrats de ce type auraient été signés entre 2007 et 2012.

Des contrats signés en toute légalité, mais qui n'ont pas été déclarés au fisc français. Patrick Balkany a en effet exigé que l'argent touché soit versé sur un compte secret à Singapour. L'industriel belge précise que c'est le maire de Levallois-Perret en personne qui lui a noté ses coordonnés bancaires pour verser l'argent des contrats signés grâce à son intermédiaire. Preuve, pour les juges d'instruction, que Patrick Balkany se cache bien derrière ce compte à Singapour.

L'INFO - Les Balkany soupçonnés de "blanchiment de fraude fiscale"

...Qui expliquent un train de vie luxueux. Depuis presque six mois, les juges d'instruction enquêtent donc sur le train de vie du couple, qui semble en effet bien supérieur à ce qu'il déclare au fisc. Les magistrats s'intéressent notamment au patrimoine immobilier des Balkany qui ne paient pas l'impôt sur la fortune. Le couple est soupçonné de détenir, grâce à l'argent placé sur leur compte à l'étranger, une somptueuse villa à Marrakech et une autre, tout aussi luxueuse, dans les Antilles, sur l'île de St Martin.

Concernant cette dernière villa, Isabelle Balkany a admis devant les enquêteurs qu'elle en était propriétaire depuis 1997 et qu'elle était "l'ultime ayant-droit de la société" propriétaire du bien. Son avocat a déclaré qu'elle avait été acquise avec des "fonds parfaitement licites" mais qu'elle n'avait "pas été régulièrement déclarée" et que l'"ISF n'a pas été réglé".

RETOUR SUR - La justice s'intéresse aux finances du couple Balkany

Isabelle Balkany déjà mise en examen. Dans le cadre de cette information judiciaire, les deux magistrats du pôle financier avaient mis en examen fin mai Isabelle Balkany pour "blanchiment de fraude fiscale". La première adjointe de Levallois s'était également vue imposer une caution d'un million d'euros, qu'elle a contestée sans succès devant la cour d'appel, avant de la payer.

D'autres personnes impliquées ? Dans le cadre de l'enquête, le cabinet d'avocats, dont Nicolas Sarkozy est un associé, a été perquisitionné le 21 mai. Le cabinet d'avocats "Claude et Sarkozy" est soupçonné d'avoir apporté ses compétences juridiques pour permettre au couple Balkany de réaliser son montage illégal, rapporte Le Monde.

Ancien directeur de cabinet du maire de Levallois-Perret, Jean-Pierre Aubry est également mis en examen dans ce dossier.