Charlie Hebdo : la chasse à l'homme se poursuit

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Fabienne Cosnay et avec le service police justice d'Europe 1 , modifié à
ESSENTIEL - Les deux tireurs présumés, Cherif et Saïd Kouachi ont été repérés armés jeudi matin, dans l'Aisne. Le GIGN et le Raid sont sur zone.

La traque continue. Après le drame, la traque. Les deux tireurs présumés dans l'attentat contre Charlie Hebdo, Cherif et Saïd Kouachi sont activement recherchés dans une zone d'une centaine de kilomètres, entre Villiers-Cotterêts, dans l'Aisne et Crépy-en-Valois, dans l’Oise. Pour la première fois, des membres du Raid (police) et du GIGN (gendarmerie) travaillent ensemble sur une opération et quadrillent la zone, le Raid ayant pris la zone Nord et le GIGN la zone Sud. Les villages de ce secteur de la Picardie sont passés au peigne fin, les témoignages vérifiés.

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La traque se poursuit toute la nuit de jeudi. La traque intensive des deux suspects, toujours introuvables, devrait se poursuivre toute la nuit de jeudi à vendredi, avec l'aide de cinq hélicoptères. Policiers et gendarmes continuent donc d'arpenter les environs minutieusement, tronçon par tronçon, les abords de la D80, entourés par les arbres de la forêt domaniale de Retz, explorant tour à tour plans d'eau et landes herbeuses.

Un dispositif réduit. Mais les perquisitions sont "terminées pour l'instant" et le dispositif a été réduit, en début de nuit, par rapport aux effectifs déployés jeudi après-midi dans la perspective d'une opération d'envergure. La dernière opération importante, constatée dans la commune de Longpont, s'est achevée vers 22H00, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Après, le dispositif s'est fait plus discret, mais des hélicoptères tournoyaient toujours au-dessus de la zone de recherches et des véhicules de gendarmerie restaient postés aux abords de la RN2 entre Villers-Cotterêts et Soissons. Plusieurs fourgons de gendarmerie bloquaient toujours la sortie de la RN2 vers Longpont, avec notamment des maître-chiens, peu avant minuit. Et des barrages de contrôle étaient maintenus.

RAID GIGN charlie 1280

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Chaque village passé au peigne fin. Jeudi après-midi, les unités d'élite ont traqué les suspects dans un petit village de l’Aisne, sous le regard étonné des habitants. Chaque maison, chaque recoin du village a été fouillé pour encadrer le périmètre, le vérifier et le refermer. Pas de trace des frères Kouachi ici. Tout au long de la journée, des scènes identiques se sont produites dans d'autres villages et hameaux de ce secteur.

Une vidéo montrant les membres du Raid et du GIGN investir une maison d'un village :

VIDEO - Le Raid et le GIGN traquent les frères...par Europe1fr

Ils braquent une station-essence. Un peu avant 11 heures jeudi matin, Cherif et Saïd Kouachi ont été repérés armés, à proximité de Villers-Cotterêts, situé à 70 kilomètres au Nord-Est de Paris. Les deux suspects étaient à bord d'une Clio grise, probablement celle volée mercredi près de la Porte de Pantin, dans le Nord-Est de Paris. Les frères Kouachi ont braqué une station-service obligeant les clients à s’allonger sur le sol. Ils étaient cagoulés, avec kalachnikov et peut-être des lance-roquettes. Le gérant de la station-essence les a formellement reconnus et a alors immédiatement prévenu les forces de l’ordre. 

La station-service de Villers-Cotterets, 1280x640

© AFP/FRANCOIS BECKER

Et prennent la fuite sur la Nationale 2. Après avoir volé de la nourriture et de l’essence, Cherif et Saïd Kouach ont pris la fuite sur la Nationale 2 en direction de Paris. Un important dispositif policier est alors en cours de déploiement pour les arrêter. "Les brigades d'intervention, stationnées porte de la Villette à Paris, ont reçu l'ordre de s'équiper de fusils d'assaut et d'équipements de protection", indique une source policière. Des barrages filtrants ont été installés et des hélicoptères survolent la zone, comme l'ont constaté les journalistes d'Europe 1 présents sur la zone.

Drapeaux djihadistes, cocktails Molotov. Peu après 14 heures jeudi, les enquêteurs ont retrouvé une dizaine de cocktails Molotov et deux drapeaux djihadistes dans la voiture abandonnée à Paris mercredi par Cherif et Saïd Kouachi."Cela démontre d'une part leur radicalisation islamiste, et qu'ils avaient peut-être prévu d'autres actions avec ces cocktails Molotov", indique une source policière. Selon les informations d’Europe 1, il y avait aussi dans la Citroën C3 une caméra go-pro, encore dans son emballage.

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Qui sont les deux tireurs présumés ? Cherif et Saïd Kouachi, deux frères de 32 et 34 ans, sont nés à Paris, dans le 10e arrondissement. L'un des deux frères activement recherchés, Chérif Kouachi, était déjà connu des services antiterroristes et de la justice. Il avait en effet été condamné en 2008 pour son implication dans les "filières irakiennes du 19e arrondissement".

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Neuf gardes à vue. Neuf personnes se trouvaient en garde à vue jeudi soir, selon le ministre de l'Intérieur, qui s'est exprimé lors d'un point presse. L'un des individus en garde à vue est un jeune homme de 18 ans, Hamyd Mourad, qui s'est présenté de lui-même mercredi soir au commissariat de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Selon une source judiciaire, il est lié à l'un des deux principaux suspects de la fusillade de Charlie Hebdo mais sa présence sur les lieux de la tuerie de Paris mercredi serait impossible, dans la mesure où il aurait été en classe. Les huit autres personnes en garde à vue sont des proches ou des membres de l'entourage des frères Kouachi.

>> Un numéro vert a été mis en place par la police judiciaire de Paris pour recueillir les témoignages des personnes susceptibles d'avoir croisé la route des suspects. Voici le numéro de l'appel à témoins : 08 05 02 17 17