Barrage de Sivens : Rémi Fraisse victime d'"une explosion"

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Benjamin Peter avec et AFP , modifié à
D'après le procureur d'Albi, Rémi Fraisse a été victime d'une explosion, dont on ignore encore si elle a pu être causée par une grenade lancée par les forces de l'ordre. La famille va porter plainte pour homicide volontaire. 

L'info. Après la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage contesté de Sivens, dans le Tarn, le procureur d'Albi rendait lundi les premières conclusions de l’autopsie. "La plaie importante située en haut du dos de Rémi Fraisse a été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion", a assuré le procureur Claude Dérens.

Une déflagration dont l'origine reste inconnue. "Des analyses, dont les résultats pourraient être connus mardi, doivent à présent établir si "une grenade, lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés" a pu être "à l'origine" de cette explosion, a ajouté le magistrat.

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Se voulant précis, le procureur a déclaré: "La déflagration a été forte puisque le jeune homme a été projeté au sol de façon violente" et "selon le médecin légiste, la mort a été instantanée". "L'objet à l'origine de l'explosion n'a pas entraîné de flamme" et "aucune trace de particule métallique ou plastique n'a été retrouvée dans la plaie", a-t-il ajouté.

La famille porte plainte. Peu après ces premiers résultats, la famille de Rémi Fraisse, mort dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé qu'elle déposerait plainte pour homicide volontaire "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique", ont annoncé ses avocats. Le cadavre du jeune homme de 21 ans avait été découvert après des heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants, en marge d'une manifestation. 

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Manifestation à Albi. La déclaration du procureur, qui n'a accepté aucune question de la presse, n'a pas apaisé les esprits d'une partie des 1.000 manifestants qui ont défilé lundi dans les rues d'Albi. Dès 14 heures, des opposants au barrage  se sont réunis devant la préfecture du département. Parmi eux, certains pleuraient la mort du jeune homme de 21 ans, pendant que d'autres brandissaient des panneaux sur lesquels était inscrit "Rémi, ni oubli, ni pardon, État assassin". Une dizaine de manifestants - visage masqué, poing levé - s'accrochaient aux grilles de la préfecture.

Aux abords du palais de justice, de premiers heurts ont éclaté entre les manifestants les plus virulents, pour certains cagoulés et jetant des pavés, et les forces de l'ordre. Lundi, les affrontements ont vidé le centre d'Albi de ses passants et les terrasses de leurs clients. Vers 17h30, les policiers faisaient encore face à plusieurs dizaines de manifestants qu'ils tentaient de disperser par des salves de gaz lacrymogènes.  

Face à la polémique, la gendarmerie communique. De son côté, la direction de la gendarmerie nationale a rappelé dans un communiqué que ses hommes avaient été attaqués à coup de cocktails Molotov, d'engins explosifs et de projectiles, la nuit des faits, et qu'aucune hypothèse n'était en l'état privilégiée pour expliquer le décès de Rémi Fraisse. "Les militaires de la gendarmerie ne sauraient être mis en cause sur la seule base de témoignages, parfois anonymes", précise le communiqué. 

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