Attentat de la rue des Rosiers : sur la trace des trois suspects

© AFP
  • Copié
Kristell Bernaud, correspondante à Jérusalem, et Martin Feneau, envoyé spécial en Norvège, avec , modifié à
La justice française a délivré un mandat d'arrêt contre trois suspects, désormais installés à l'étranger. Europe 1 est allé à leur recherche.

C'est un coup de théâtre 32 ans après l'attentat qui a coûté la vie à six personnes et fait 22 blessés, le 9 août 1982. Le juge Marc Trévidic a lancé un mandat d'arrêt contre trois hommes soupçonnés d'être les auteurs de cette attaque contre un restaurant juif au plein cœur de la capitale. A l'époque membres d'Abou Nidal, un groupe dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), les trois suspectssont aujourd'hui installés en Jordanie, Cisjordanie et Norvège.

En Cisjordanie, un suspect introuvable mais bien connu. A Ramallah, en Cisjordanie, le passé de Mahmoud Khader Abed Adra alias Hicham Harb est bien connu. Pourtant, il est aujourd'hui introuvable. Selon Youssef Cherkaoui, ancien membre de l'OLP, l'organisation pour l'indépendance palestinienne, Mahmoud Khader Abed vit à Ramallah sous une fausse identité. Il se souvient de quelqu'un qui "était très bien entraîné à l'espionnage". Il doute d'ailleurs que la justice française le retrouve un jour.

Soupçonné d'être le chef du commando qui a ouvert le feu dans cette rue d'un quartier juif de Paris, le Palestinien "s'est rendu à plusieurs reprises en Pologne pour collecter des informations", affirme Youssef Cherkaoui. Dans la rue des Rosiers, les tireurs avaient vidé sur les passants les chargeurs de leurs pistolets-mitrailleurs "WZ-63", de fabrication polonaise.

rue des rosiers attentat 640

© AFP

L'ancien membre de l'OLP parle d'un "homme qui exécutait très bien les ordres", faisant partie de "l'élite" de l'organisation terroriste à laquelle il appartenait. Le groupe Abou Nidal est soupçonné d'être à l'origine de nombreux assassinats de leaders palestiniens et d'attentats meurtriers en Europe, comme les attaques des aéroports de Rome et Vienne en 1985. "Ils étaient financés et soutenus par le régime irakien de l'époque qui leur donnait de faux passeports pour opérer n'importe où dans le monde", affirme Youssef Cherkaoui qui se souvient très bien d'un des complices présumés de Mahmoud Khader Abed.

Une vie (presque) tranquille en Norvège. Selon l'ancien de l'OLP, Waled Abdulrahman Abou Zayed, un des autres suspects, avait la réputation d'un mercenaire impitoyable. Aujourd'hui, en tout cas, il vit avec femme et enfants dans une maison de bois beige à Skien, une petite ville norvégienne enneigé. Abou Zayed se fait désormais appeler Osman, le nom inscrit sur sa boîte aux lettres.

L'homme d'une cinquantaine d'années aux yeux cernés et aux cheveux grisonnants se défend d'être l'un des tireurs de la rue des Rosiers. Il jure ne pas avoir de sang sur les mains, même s'il admet avoir protégé Yasser Arafat, le dirigeant de l'OLP mort en 2004. Le Palestinien a argumenté en ce sens pour obtenir la nationalité norvégienne en 2002, dix ans après son arrivée dans le pays.

Mais Abou Zayed s'est rapidement fait remarquer par ses voisins et a connu quelques soucis avec la police. L'un de ses voisins les plus proches raconte à Europe 1 avoir observé pendant des années la vie de cet homme violent, qui perturbait la vie du quartier. "J’évitais de lui parler, de lui dire bonjour, parce qu’il causait des problèmes. Il criait sur les gens, leur jetait des pierres, parfois même il leur crachait dessus. Il se battait avec ses amis, c’était du bruit souvent, c’était très déplaisant de l’avoir dans le voisinage", soutient ce commerçant, pour qui son encombrant voisin se livrait au trafic de drogue. 

Il y a trois mois, celui qui se fait appeler Osman a sorti un couteau dans un cabinet médical, se montrant menaçant et agressif. Des policiers l'ont reconduit chez lui.

Après le mandat d'arrêt émis par la justice française, Abou Zayed guette depuis les fenêtres de sa maison l'arrivée des policiers norvégiens. Il pourrait être interpellé d'un moment à l'autre.

>> LIRE AUSSI - 33 ans après, 3 suspects identifiés

>> LIRE AUSSI - Que s’est-il passé le 9 août 1982 ?

>> LIRE AUSSI - Qui sont les trois suspects ?