Apologie du terrorisme : cinq sites Internet bloqués en France

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avec Guillaume Biet et agences , modifié à
Le ministère de l’Intérieur a demandé aux fournisseurs d’accès internet de bloquer l’accès à cinq de ces sites lundi. Cinq autres blocages ont été effectués pour des sites pédophiles.

C’était l’une des mesures phares de la nouvelle loi antiterroriste. L’une des plus décriées également. Un peu plus d'un mois après la promulgation du décret de la loi permettant le blocage de sites faisant l'apologie du terrorisme, le blocage de cinq premières page web a été demandé en fin de semaine dernière aux fournisseurs d'accès internet (FAI), a annoncé le ministère de l'Intérieur lundi. 

D'autre part, la place Beauvau a précisé que cinq sites pédophiles ont également été bloqués.

Des contenus toujours disponibles lundi. Les sites visés pour apologie du terrorisme sont jihadmin.com, mujahida89.wordpress.com, islamic-news.info, is0lamnation.blogspot.fr, alhayatmedia.wordpress.com. Lundi, la plupart de ces sites restaient cependant accessibles. Le dispositif est en "rodage", avance-t-on.

Dans les grandes lignes, il est reproché à ces sites de faire l'apologie du terrorisme et pour certains de diffuser la propagande du groupe Etat islamique (EI), telles des vidéos d’exécution.

La main rouge du ministère sur le site Islamic-news.info. Le premier blocage effectif avait été repéré plus tôt sur le site islamic-news.info, dont la page d’accueil affichait ainsi une main rouge, accompagnée d'un message du ministère de l'Intérieur, comme notait le journaliste de RFI David Thomson, spécialiste des mouvements djihadistes, qui a révélé l'information.

"Vous avez été redirigé vers ce site officiel, car votre ordinateur allait se connecter à une page dont le contenu provoque (...) des actes de terrorisme ou fait publiquement l'apologie d'actes de terrorisme", dit le texte. Selon sa page consacrée sur Facebook, le site Islamic-news couvre "toute l'actualité du monde islamique". Il est considéré, selon David Thomson, "comme un site pro djihad assez peu influent".  

Une décision administrative, sans intervention d’un juge. Le blocage est une mesure inscrite dans la loi votée en novembre 2014. Elle permet à l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC), qui dépend de la direction centrale de la police judiciaire, de dresser une liste des sites à bloquer. Il s'agit d'un blocage administratif, sans l'intervention d'un juge, ce qui laisse le ministère de l'Intérieur seul arbitre des critères justifiant une telle mesure. C’est notamment pour cet aspect que cette mesure avait été vivement critiquée avant le vote de la loi. 

Si l'éditeur et l'hébergeur d'un site visé ne répondent pas aux demandes de retrait de l'OCLCTIC, les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) sont alors notifiés pour bloquer l'accès. La plupart des sites visés lundi ne faisait ainsi pas mention de leur hébergeur. Les demandes de blocages ont donc été adressées directement aux FAI.

Lundi, Octave Klaba, le patron d'OVH, l'hébergeur français du site, avait fait part sur Twitter, de son étonnement, assurant ne pas avoir reçu de demande de retrait. Cet état de fait s'explique par le fait qu'OVH n'apparaissait pas comme hébergeur dans les mentions légales du site visé. OVH a cependant supprimé le référencement de ce site après le blocage effectué par le FAI.

Premiers blocages d’une longue série ?  Selon Télérama, une liste contenant jusqu'à 50 noms de plateformes avait été transmise à l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), lors de la promulgation du décret. Ainsi d’autres blocages devraient survenir. En attendant, les pages Facebook de certains des sites visés lundi restent quant à elle toujours en ligne, le réseau social n'étant pas concerné par cette disposition.

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