Aix : un détenu dans la nature

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avec Pierre de Cossette et Nathalie Chevance , modifié à
Jugé dangereux, il s'est fait la belle aidé par un complice. Les syndicats sont en colère.

Un détenu, qualifié de dangereux, s'est évadé mardi pendant son transfert de la prison de Luynes vers l’hôpital d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. L'évasion a eu lieu peu après 11 heures devant l'enceinte de l'hôpital où le détenu devait subir un examen médical. Raphaël Gimenez, âgé de 35 ans et libérable en 2023, avait notamment été condamné pour des faits d'escroquerie. "Ce n'était pas une personne agressive en détention, c'était une escorte classique", a souligné Laurent Germain, le secrétaire général de l'Ufap (Union fédérale autonome pénitentiaire) dans la région Provence-Alpes Côte d'Azur.

Au moment de son évasion, Raphaël Gimenez, menotté et entravé aux pieds, était escorté par deux agents. Il venait de descendre du fourgon de l'administration pénitentiaire quand une attaque a eu lieu. Le convoi était en effet "attendu" par le conducteur d'un deux-roues. Voyant qu'il ne parvenait pas à ses fins aussi facilement que prévu, il "a tiré un coup de feu sur le chef d'escorte", a précisé Laurent Germain.

"J'ai cru que j'étais dans un western"

Le détenu a alors réussi à prendre la fuite avec son complice à bord du scooter que les deux hommes ont abandonné quelques mètres plus loin pour s'engouffrer dans un monospace en direction de l'autoroute Nice-Marseille.

"J'ai cru que j'étais dans un western. On s'est dit 's'ils arrivent par là, qu'est-ce qui nous arrive ?'", a confié au micro d'Europe 1 Valérie, qui a assisté à la scène.

"Il faudrait prendre plus de précautions"

La Brigade de répression du banditisme de Marseille a été chargée de l'enquête et un important dispositif de recherches a été déployé dans le secteur pour retrouver les fugitifs. Un des gardiens, touché à une cuisse, était opéré à la mi-journée, a précisé le responsable de l'Ufap. 

Cette agression est "l'aboutissement d'une évolution de la population pénale qui est de plus en plus difficile à gérer, aussi bien à l'intérieur que l'extérieur", selon un délégué FO, qui a dénoncé un "manque de personnels et de moyens". "Il faut équiper les hôpitaux. Il faut que l'on soit nous même équipés. Quand on fait une mission du service public, il faut mettre les moyens. on ne garde pas des enfants de cœur", s'est insurgé ce surveillant pénitencier. De son côté, le procureur d'Aix-en-Provence, Dominique Moyal a rétorqué : "Nous avons pris les précautions qui paraissaient suffisantes au regard du profil de cet individu, qui était à surveiller."

La "bobomania" de certains détenus

"Notre organisation signale depuis pas mal d'années que ces escortes médicales sont dangereuses, qu'il faudrait prendre plus de précautions", a déploré de son côté le responsable de l'Ufap, évoquant plusieurs cas d'évasion récents dans des circonstances similaires. Le syndicat "préconise un sas d'urgence fermé afin que l'extraction soit isolée".

Un détenu de 42 ans écroué pour trafic de stupéfiants s'était déjà évadé du centre hospitalier d'Aix le 24 décembre 2010, prétextant un besoin urgent pour s'isoler aux toilettes. Quatre jours plus tôt, c'est un prisonnier de 28 ans qui s'était enfui de l'hôpital d'Arles à pied. A Marseille, un détenu des Baumettes s'était échappé fin août de la même année de l'hôpital de la Timone, où il avait été transporté après avoir simulé une tentative de suicide. L'Ufap parlait alors d'une vraie "bobomania" de la part de certains détenus qui demandent de plus en plus souvent une hospitalisation pour des maux bénins.