Affaire des 3 djihadistes présumés : le logiciel Cheops pointé du doigt

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Ce système de surveillance, qui recense les personnes fichées, était en panne mardi après-midi, quand les trois suspects ont foulé le sol français, sans être inquiétés.

Et si le système Cheops était au cœur du cafouillage autour de l'arrestation ratée des trois djihadistes présumés, revenus mardi après-midi de Syrie, via la Turquie ? C'est du moins la raison donnée pour expliquer, en partie, le retour des trois suspects mardi après-midi, sur le sol français, sans que ces derniers ne soient inquiétés. Le ministère de la Défense a reconnu un couac, à savoir, une panne informatique du logiciel Cheops, un système de contrôles des passeports.

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Qu'est-ce-que le système de surveillance Cheops ? Le logiciel Cheops, acronyme de Circulation Hiérarchisée des Enregistrements Opérationnels de la Police Sécurisés, a été créé en 2001, rapporte Le JDD.

Le système recense presque tous les fichiers de police et de gendarmerie, comme le Fichier Informatisé du Terrorisme, le Fichier des Renseignements généraux, le Fichier National Transfrontières ou le Fichier des Personnes Recherchées. En résumé, ce logiciel regroupe toutes sortes de personnes, dont celles qui peuvent menacer la sûreté de l'État, généralement recensées dans le fichier "S".

En contrôlant les passeports, par l'intermédiaire du logiciel Cheops, les policiers peuvent immédiatement savoir si les passagers sont fichés, ou non.

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Quelles sont les limites de ce logiciel ? Sauf que tous les voyageurs qui débarquent sur le sol français ne sont pas systématiquement contrôlés à leur arrivée. Les agents de la police aux frontières ne vérifient en effet pas les identités des milliers de passagers qui descendent des avions chaque jour.

"Il existe une très grosse pression commerciale" des sociétés aéroportuaires pour réduire les files d'attente quand il y a beaucoup de monde et donc "contrôler le moins de passagers possible", confie une source policière. Ainsi, un Français qui rentre de Syrie, via Istanbul, peut très bien passer entre les mailles du filet. Surtout s'il a une carte d'identité française.

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Mais la véritable limite de ce logiciel repose sur ses lacunes techniques. Selon les services de police, le système Cheops est régulièrement en panne. "Nous avons des pannes tous les jours dans les services. Ces pannes sont fréquentes parce que nous avons des systèmes informatiques avec des moteurs de 2CV", déplore Christophe Rouget du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, interrogé par France Info.

Mardi après-midi justement, les policiers n'avaient pas accès au fichier des personnes recherchées. Entre 14 heures et 17 heures, leur système Cheops était en maintenance. Et dans ces cas-là, il n'y a pas de solution de secours.

Si celui-ci est en maintenance ou en panne, la guérite de contrôle est aveugle : "cela empêche effectivement les vérifications", reconnaît une source policière. Ce qui explique pourquoi, à leur arrivée à l'aéroport de Marseille, les trois djihadistes n'ont pas été inquiétés.

Pour faire la lumière sur ces dysfonctionnements, le ministre de l'Intérieur a demandé une enquête à l'inspection générale de l'administration et à celle de la police nationale.