Affaire Bettencourt : l’ex-infirmier avait écrit une lettre au procureur

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Noémie Schulz avec Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
L’ex-infirmier de Liliane Bettencourt, qui était toujours entre la vie et la mort, mardi, après sa tentative de suicide, avait adressé une lettre au procureur de Bordeaux, en octobre dernier. 

L’info. Mardi matin, le tribunal correctionnel de Bordeaux a dévoilé que l'ancien infirmier de Liliane Bettancourt avait adressé une lettre au parquet la veille de sa tentative de suicide, dimanche. Mais Alain Thurin avait déjà adressé une longue lettre au procureur de la République de Bordeaux, parvenue au parquet le 28 octobre dernier. Dans ce courrier que nous avons pu consulter, l’ancien infirmier apparaissaitdésespéré d’être mis en cause. Il est en effet soupçonné d’avoir profité de la vulnérabilité de l'héritière de l'Oréal, aujourd’hui âgée de 92 ans.

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"Je ne voulais pas de cet héritage". Dans son testament, Liliane Bettencourt lui a légué dix millions d’euros sous forme d’assurance-vie. "Je ne voulais pas de cet héritage, je savais que c’était aller au devant des problèmes, mais Madame ne réalisait pas que je pouvais être assimilé à Mr Banier [ndlr, soupçonné "d'abus de faiblesse" commis à l'encontre de Liliane Bettencourt] et à ce qu’on lui reproche", écrit l’ancien infirmier de l’héritière de l’Oréal. "C’est mon épouse qui m’a téléphoné un matin pour me dire que sur internet on informait que j’avais de la part de Mme un héritage. J'ai regardé et j'ai su que ses petits-enfants étaient déshérités au profit d'une fondation et de moi-même, j’avais l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds", explique-t-il.

Très vite, il sent que ce legs ne va lui attirer que des ennuis. "Je ne suis pas machiavélique […, je me sentais comme perdu. […] J’ai demandé conseil […] pour savoir comment annuler le testament, […] je cherchais sur internet pour faire casser ce testament", se justifie-t-il.

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Banier et Wilhelm. Au-delà de ces justifications, l’ex-infirmier dresse un portrait à charge, très peu flatteur, de certains membres de l’entourage proche de la milliardaire, notamment l’avocat Pascal Wilhelm, qui a remplacé Patrice de Maistre comme homme de confiance, et le photographe François-Marie Banier, intime de Liliane Bettencourt. C’est envers ce dernier, qu’il juge "arrogant, suffisant, […] méprisant et irrespectueux" qu’Alain Thurin se montre le plus critique : "Ce que je dénonce aussi c’est que Mr Banier avait toujours sur lui des feuilles de papier sur lesquelles il lui demandait d’écrire des réponses à ses questions. […]" L’ancien infirmier se rappelle alors un séjour à New-York, durant lequel le photographe mondain se révèle particulièrement insistant : "J’ai ressenti Madame gênée car il insistait pour qu’elle écrive […] j’ai demandé à Mr Banier de partir Madame étant très fatiguée et qu’il fallait revenir plus tard, mais rien ne fit." "Je reconnais que Banier avait une emprise sur Madame", écrit-il même un peu plus loin.

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Victime d’une manipulation ? Ainsi, si Alain Thurin reconnait des liens très fort avec la vieille dame, il n’exclut pas d’avoir été manipulé par les "hommes de confiance" de Liliane Bettencourt. Dans la fin de sa lettre, il termine : "Je n’ai jamais voulu nuire et si au tout début on me parlait de risques, je mesure aujourd’hui l’importance, mais je pensais que je pouvais être défendu par ceux qui étaient censés défendre Madame."

Une dernière lettre. Mardi, l’homme de 64 ans était toujours entre la vie et la mort, après avoir tenté de se donner la mort par pendaison, dans un bois proche de son domicile, dans l’Essonne. Ultime coup de théâtre ce matin à l’ouverture de l’audience, le procureur Gérard Aldigé a annoncé avoir reçu une nouvelle lettre, postée cette fois par le prévenu, la veille de sa tentative de suicide. Un courrier qui éclairera peut-être son passage à l’acte. Le tribunal correctionnel de Bordeaux a prévu d’en prendre connaissance avant de communiquer soin contenu à l’ensemble des parties. 

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