Ados fauchées sur l'A7 : le flou persiste

Les trois jeunes filles ont été fauchées en traversant l'A7 à hauteur de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme.
Les trois jeunes filles ont été fauchées en traversant l'A7 à hauteur de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme. © MaxPPP
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AW avec agences , modifié à
Les enquêteurs veulent comprendre la présence des trois adolescentes en pleine nuit.

Si les circonstances de l'accident qui a coûté la vie dans la nuit de vendredi à trois jeunes sœurs sont claires, le mystère de leur présence sur l'autoroute à pied, en pleine nuit, dans un secteur très peu habité proche de la centrale nucléaire du Tricastin reste entier. 

L'enquête se poursuivait dimanche pour tenter d’établir pourquoi les trois jeunes filles issues de la communauté des gens du voyage de Marseille ont tenté traverser l'A7 à hauteur de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme après avoir dû descendre d'un train faute de billet dans une gare à quinze kilomètres de là. 

Le déroulé de leur journée en question

Sont-elles entrées par un trou dans la clôture de l'autoroute? Ou descendues d'un véhicule? "Les victimes n'apparaissent pas sur les vidéos de l'autoroute, la nuit on ne voit que des phares. Quant à l'accès sur une autoroute, il peut être simple, les grillages ne sont pas si hauts. Nous cherchons dans tous les sens", a déclaré dimanche le procureur de la République de Valence, Antoine Paganelli. 

Samedi, un patrouilleur de la société d'autoroute a confirmé avoir parlé aux filles avant l'accident. Entendu par les gendarmes d'Orange, dans le Vaucluse voisin, il avait expliqué qu'elles avaient refusé d'obéir à sa demande de se mettre derrière les glissières de sécurité et qu'il avait averti les gendarmes. 

Menée en étroite collaboration avec le commissariat du 15e arrondissement de Marseille, l'enquête des gendarmes drômois va se concentrer sur le "voisinage" et tenter de reconstituer "le cheminement" et le déroulé de la journée. Aucun papier d'identité n'avait été retrouvé sur les trois jeunes filles, issues d'une famille très nombreuse de la communauté des gens du voyage sédentarisés. Elles étaient parties sans laisser d'explications, sans que cela inquiète leurs parents.

Des SMS amoureux datés du jour de l'accident 

Grâce à un téléphone portable trouvé sur les lieux du drame dans la Drôme, les enquêteurs avaient pu contacter un membre de leur famille. Dans ce téléphone, ils ont étudié dimanche des SMS amoureux découverts et datés notamment du jour de l'accident, vendredi, sans toutefois savoir à qui ils étaient destinés. "Il n'y a aucune conclusion à faire pour le moment", a aussi déclaré le procureur de la République de Valence qui regrette les "nombreuses élucubrations" des médias sur les victimes, notamment quant à un dernier appel dans lequel elles auraient dit s'être perdues, un élément que l'enquête ne confirme pas pour l'heure.

La piste de la fugue envisagée 

La piste de la fugue est également évoquée, mais avec précaution. Pour Samia Ghali, sénateur-maire (PS) des 15e et 16e arrondissements de Marseille, où résidaient les victimes, l'hypothèse d'une fugue est évoquée dans cette cité difficile de la Castellane, dans les quartiers nord, mais elle appelle à être prudente et à "laisser l'enquête se faire". Les trois soeurs étaient connues pour leurs longues balades à pied ensemble, selon des propos d'habitants relayés par Samia Ghali.  

Samedi, deux frères et un beau-frère des victimes qui s'étaient rendus dans la Drôme n'ont pu identifier formellement les corps à la morgue. En revanche ils ont reconnu les trois soeurs dans les images des caméras de la ville de Pierrelatte là où elles ont été descendues du train. Nous avons maintenant la quasi-certitude" qu'il s'agit bien de trois soeurs appartenant à cette famille "mais il nous faut les discriminer, c'est-à-dire savoir laquelle est laquelle, ce qui est dur pour deux d'entre elles", a indiqué dimanche le procureur.