La revue de presse de Michel Grossiord

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les 100 jours d'Obama à la Une de la presse : le triomphe d'un style et d'un stoïcisme

Aucun éditorialiste ne manque de saluer le passage réussi du cap, celui des 100 jours à la Maison-Blanche pour Barak Obama.

100 jours, ce n’est qu’un début. Mais "le commencement est plus que la moitié du tout". Et si "une minute peut blesser un siècle", 100 jours peuvent augurer d’un mandat de 4 ans, présager de sa force, de son élan. Pour soutenir sa démonstration que le court peut être la promesse du long, Eric Fottorino s’amuse à glisser quelques citations (on reconnaît Victor Hugo, Platon) dans son commentaire élogieux à la Une du Monde. Barak Obama : une voix, douce et posée. Un visage, calme, "aimable et moderne". Une autorité et un charisme intacts après 100 jours de présidence et malgré une situation économique des plus rudes. Particulièrement soulignée, le geste courageux du président américain qui a dénoncé la torture et mis son pays devant sa culpabilité. Jusqu’où peut-il aller dans la dénonciation et la poursuite des coupables ? Dans Le Point, Claude Imbert voit Obama avancer avec dans chaque main des rameaux d’olivier. "Accueillons cette mirifique ambition avec une espérance inquiète !" Pas de doute pour Jean-Marie Rouard, qui dans Paris-Match estime que Barak Obama ne redresse pas seulement l’image écornée de l’Amérique mais donne une belle leçon à l’Europe. Pendant près de 10 ans, les responsables européens et particulièrement français ont fermé les yeux (sur les horreurs de Guantanamo). Ils ne voulaient ni voir ni entendre les mutilations et les cris des suppliciés", écrit l’Académicien. "De quoi avons-nous eu peur ?" Jean-Marie Rouart va jusqu’à opposer le courage d’Obama à la honte de l’Europe.

Avant la guerre d’Irak il y eut la guerre d’Algérie. Ou quand la torture est jugée légitime...

C’est le dossier passionnant du magazine Books, l’actualité par les livres du monde. Pourquoi les démocraties, confrontées à certaines situations, torturent. Les Français en Indochine puis en Algérie, les Anglais en Irlande du Nord, les Italiens contre les Brigades rouges, les Américains déjà au Vietnam. Un changement notoire : les tortionnaires se soucient désormais de ne pas laisser de traces visibles afin que les récits éventuels des victimes soient sujets à caution. Surtout pas de corps défiguré. Le vade-mecum de la torture moderne fait une grande place au supplice de l’eau ou de la suffocation. La morale dite civilisée n’est-elle qu’un vernis, la bête humaine tapie en chacun d’entre nous restant prête à surgir ? Question gênante posée par Olivier Postel-Vinay. En fait, d’après des chercheurs, dans certaines situations, des individus ordinaires deviennent capables de comportements profondément déviants. Books publie la photo d’une GI à Abou Ghraib. Elle se penche sur le corps d’un détenu tombé en syncope et regarde l’objectif avec un large sourire, en levant le pouce de la victoire.

On fait le lien en lisant la presse avec la tragédie antisémite qui a coûté la vie à Ilan Halimi :

‘L’odieux Fofana veut profiter de son procès pour faire le fanfaron’, constate Yves Thréard dans Le Figaro qui défend le huis clos. Fofana doit répondre du plus cruel des crimes, mais il y a aussi les 26, rappelle Dominique Quinio dans La Croix. Les 26 complices, autres accusés qui durant 24 jours qu’a duré la séquestration ne se sont pas interrogés sur la gravité de leur acte, et sur le sort terrible réservé à Ilan. 26 personnes -et peut être leurs proches- qui par peur ou indifférence n’ont pas essayé d’arrêter l’infernale machine, parlé ou dénoncé. Et Dominique Quinio de répéter et de conclure : 26.

A la veille du 1er mai, une question hante la presse. La révolution ?

Un prurit révolutionnaire chatouille la France, constate Challenges. Valeurs Actuelles voit dans les séquestrations, les violences urbaines, une inquiétante escalade au point que François d’Orcival évoque "le fantôme des Brigades rouges". Le Nouvel Observateur voit déjà en marche "l’insurrection française", et se demande jusqu’où elle peut aller. Jacques Julliard met en garde contre les risques de la dénonciation des élites, qui peut facilement devenir populiste. Le mensuel Capital prend ce risque en s’attaquant une fois de plus aux vrais revenus de nos élus, confortables, voire c’est vrai très confortables (salaires, indemnités, avantages et même pour certains business cachés). Un jeu de fléchettes des représentants du peuple, région par région... Maires, députés, sénateurs... Un tout petit encadré pour un hommage à deux élus qui ont renoncé à leur salaire : François Fillon qui a fait une croix sur les 2.553 euros de président de communauté de communes de Sablé sur Sarthe qu’il continue d’exercer et Marie Hélène Amiable, qui exerce gratuitement la fonction de maire de Bagneux. L’un premier ministre, l’autre députée communiste, s’estiment assez payés comme ça.