La revue de presse de Michel Grossiord

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le ton pourrait monter entre Libération et une partie des médias français. Ceux que Laurent Joffrin accuse de se "ranger à la moindre escarmouche sous la bannière élyséenne". Se ranger, comprendre "s’aligner", "se coucher" à la moindre admonestation du maître…

Le directeur de Libé ne prend pas de détours pour dénoncer, je cite, "les journalistes vassaux qui confondent information et soumission"… alors que son journal maintient ne pas avoir confondu information et à peu près ou mauvaise interprétation en rapportant les propos de Nicolas Sarkozy lors du déjeuner des parlementaires. ‘’Libé persiste et signe’’, annonce crânement un titre ("Nous maintenons, intégralement"). En fait, les deux journalistes à l’origine du premier article apportent plus qu’un léger correctif puisqu’à la question "Sarkozy a-t-il insulté Zapatero ?", ils répondent "certainement pas, même si le ton était assez peu respectueux". Et ils donnent raison sur le fond sinon sur la forme au socialiste Didier Migaud quand ce dernier assure que ‘’jamais le président de la République n’a dit que Zapatero n’était pas intelligent’’. Les suites de cet emballement dans la presse, ce sont des critiques pour le côté fanfaron de Nicolas Sarkozy (Le Courrier Picard, Les DNA…) et pour le "Grand pardon" à répétition de Ségolène Royal. Pparticulièrement sévère, Etienne Mougeotte du Figaro qui titre sur "l’embarras au PS". A quand le retour de la "vraie" politique ? demande Michel Lepinay de Paris Normandie. "N’y a-t-il pas urgence à traiter que les problèmes d’égo des uns ou des autres ?"

Les médias peuvent -aussi- être soucieux de leur égo! Bel exemple avec Marianne qui lance cette semaine un avis à ses détracteurs.Néolibéralisme, bouclier fiscal, Balkans, Irak, Délinquance, 35 heures, etc. "Excusez-nous d’avoir eu raison !", lance l’hebdomadaire qui rend hommage à son fondateur Jean-François Kahn. L’édito de Maurice Szafran critique par ailleurs une partie de la presse mais surtout la télé qui a exhibé la semaine dernière l’image de la petite Elise dans les bras de son père, 48 heures après qu’on l’eut récupérée en Hongrie (la fillette a plaqué soudainement ses mains sur la bouche de son père, lui intimant ainsi l’ordre de se taire). "Quelques instants seulement, écrit Marianne, mais une éternité pour les voyeurs qu’on nous contraint à devenir… Un de ces instants qui accentuent avec une infinie violence l’obscénité de la médiatisation sans retenue. Le rôle des journalistes, notre rôle, c’est aussi d’interdire, de s’interdire ces dérives dégradantes." Et le directeur de Marianne d’ajouter : "comment ne pas songer à cette autre image d’un petit garçon juché sur les épaules de son futur beau-père (président de la République), traqué par les paparazzi jusqu’à coller ses mains sur ses yeux pour ne plus subir cette intrusion médiatique?" Si Libé revendique ce matin le titre de journal critique (quand il le juge fondé), Marianne ne veut pas perdre son image d’hebdo anti-Sarkozyste.

Evoquons maintenant un dossier en rapport avec l’Elysée où se mélange fantasmes et secrets. Il s’agit de... l’avion présidentiel. Vieillissante, la flotte gouvernementale va être renouvelée. L’Airbus A 330-200 (destiné à remplacer les deux petits A 319) qui servira de "bureau volant" à Nicolas Sarkozy est un chantier hautement confidentiel. Mais nous pouvons tout de même lire une page d’enquête sur le sujet dans Les Echos. Le chef de l’Etat en avait assez de souffrir de la comparaison de l’avion de la présidence de la République avec celui de Barack Obama… Son nouvel Airbus, nouveau vaisseau amiral à long rayon d’action qui évitera une escale sur la route de l’Asie ou de l’Amérique latine, ne sort pas des chaînes de montage. C’est un avion d’occasion acheté à la compagnie Air Caraïbes, utilisé sur les Antilles. Des centaines de milliers d’Antillais et de vacanciers ont déjà eu le privilège de voler à bord du futur avion présidentiel, explique Daniel Bastien, confrère des Echos.Mais pas dans les mêmes conditions de confort (investissement total, achat et frais d’aménagement : 176 millions d’euros. L’avion une fois métamorphosé à Mérignac comportera un bureau avec secrétariat, une salle de réunion avec table pour 12 personnes, une chambre plus salle de bains. Mais attention : l’Elysée et la Direction générale de l’armement démentent l’existence d’une baignoire, comme le prétend la rumeur, pourtant prendre un bain en chantant à 10.000 mètres d'altitude, même Barack Obama aurait été bluffé.