L'édito politique de Claude Askolovitch

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Mes ennemis les sondages

L’édito politique d’Europe 1, bonjour Claude Askolovitch. Les sondages sur le grand emprunt sont "idiots et stupides" ! C'est ce que dit Henri Guaino, le conseiller spécial du Président. C’est parce qu’il n’aime pas les sondages ou parce qu’il n’aime pas leurs résultats ?

Il faut lui rendre justice ! Guaino, c’est un gaulliste qui pense que le pouvoir doit entraîner les Français et pas les suivre. Surtout quand les Français ne sont pas très enthousiastes. 17% seulement des Français sont prêts à souscrire à l'emprunt selon Ifop et 56% trouvent que l'emprunt est une mauvaise idée d’après Opinionway.

Si le peuple avait été aussi volontariste que lui, Guaino serait de meilleure humeur !

Il a raison sur un point. On ne sait pas à quoi ressemblera exactement l'emprunt. Donc on ne peut pas savoir réellement si les Français iront en acheter.

Mais à ce compte, il ne fallait pas communiquer du tout avant d’être prêt !

Guaino sait très bien ce qui se cache derrière les réponses des Français ; c'est la question de la confiance à priori. Confiance dans le président après son discours de Versailles, confiance dans l'état de l'économie française...

Et aussi la compréhension des enjeux. Pour Guaino, l'emprunt est un moyen de nourrir une grande politique. Mais le sondage montre un pays qui est inquiet, ou qui a des doutes. C’est embêtant. Mais ce n’est pas de la faute d’un sondage !

Mais un sondage éclaire l'opinion ou il la transforme?

Les medias jouent évidemment un rôle dans une ambiance. Mais l’ambiance existe avant nous ! On voit bien qu’il y a eu quelque chose de raté dans toute la communication autour de l’emprunt. Quelque chose qui a échappé au pouvoir.

Juste après le discours de Nicolas Sarkozy, on n’a pas parlé des grands projets, on a parlé de la dette, d’une France qui était ruinée. Et le gouvernement a du communiquer sur son sérieux, sur la réduction des dépenses. Parce qu’il fallait rassurer.

Même quand le gouvernement s’est réuni pour discuter des grands projets. On a entendu Fillon et Woerth, ceux qui ne veulent pas trop en faire... Et qui ne veulent pas trop emprunter !

Guaino préférerait qu'on décrive tous les grands projets que financera l'emprunt. Parce que pour lui et pour Sarkozy c’est une chance et un moyen d’accomplir une énorme mutation de la France.

Mais ça, ce sont des contradictions au cœur même du pouvoir. Ce n’est à nouveau pas la faute des sondages !

Jean-Pierre Raffarin reproche à Henri Guaino de ne pas respecter l’avis des Français. Voilà au moins un politique qui aime les sondages !

Raffarin a beaucoup utilisé les enquêtes d'opinion dans son exercice du pouvoir. Et il doit peut-être trouver la réaction de Guaino un peu curieuse parce que Nicolas Sarkozy aussi s’intéresse énormément à l’opinion. Maintenant, le Président a pris l’habitude de gouverner en étant impopulaire et minoritaire. Donc les sondages l’intéressent peut-être moins qu’avant !