L'édito politique de Claude Askolovitch

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Hénin-Beaumont, un nouveau Vitrolles ?

L’édito politique d’Europe 1... Bonjour Claude Askolovitch. La liste de Marine Le Pen a obtenu presque 40% des voix au premier tour de la municipale d’Hénin-Beaumont. C’est le retour du Front national ?

C’est un peu plus compliqué, parce qu’à Hénin-Beaumont, le FN n’a jamais disparu. Quand on va à Hénin, on a l’impression de se retrouver 15 ans en arrière quand le Front faisait trembler le système politique. Vous avez tous les ingrédients : une région économique sinistrée, l’ancien bassin minier - on est à deux pas de Metaleurop -, une classe ouvrière désespérée qui a été trahie par la gauche. Vous avez un maire socialiste, Gérard Dalongeville, qui a été destitué et mis en examen pour fausses factures. Vous avez un système politique qui a explosé. La droite classique n’existe plus et la gauche est divisée en petits clan haineux et suicidaires. Et en face, Hénin est peut-être la dernière ville de France où le FN est une force militante. La tête de liste du Front, Steeve Briois, c’est un homme jeune, mais il milite depuis l’âge de 15 ans! Il a une équipe, il a une implantation et ça fait des années qu’il criait “Tous pourris” dans les rues de Hénin. L’actualité lui a donné raison mais on est quand même dans un cas très particulier.

Donc, ce n'est pas encore le nouveau Vitrolles : l’élection qui bouleverse le paysage ?

On va déjà voir si le FN va prendre la ville la semaine prochaine et on verra comment l’opinion va réagir, si ce sera un déclic ou un anachronisme. Pour l’instant, ça ressemble à Vitrolles, parce que c’est la gauche qui a complètement échoué. Ca ressemble à Vitrolles, parce qu'un leader national a eu l’intelligence de se parachuter pour profiter d’une situation locale - c’était Mégret à l’époque - c’est Marine Le Pen ici, qui s’est abritée derrière les militants locaux ! La différence, c'est le contexte : en 1997, le FN était en pleine ascension nationale, il faisait peur à la droite. Là, Nicolas Sarkozy a battu le Pen et il lui a pris ses électeurs. Le FN est un parti qui n’a plus de structure, et qui n’a plus de militants. On voit moins comment tout pourrait repartir. Maintenant, il y a toujours un potentiel : une crise, du malaise social. Les frontistes ont sauvé trois sièges aux Européennes et il y a toujours un public pour le populisme. Jean-François Copé dit que le FN a commencé à revenir, mais Copé fait parti de ses hommes de droite qui n’ont pas envie du succès de Sarkozy.

Vous ne croyez pas que Marine Le Pen peut relancer le FN ?

On le savait déjà avant mais évidemment si le FN a un avenir, il s’appelle Marine Le Pen. Son problème, c’est que son père lui cède la place. Maintenant, elle va avoir une bonne semaine - surtout si on retrouve autour de Hénin une dramatisation qui rappellera elle aussi les années 90, ou la présidentielle de 2002, quand le FN existait parce qu’il faisait peur - ça va nourrir la nostalgie de Jean-Marie Le Pen qui ne se console pas de ne plus être le diable !