L'édito politique de Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Quand Sarkozy force le trait

MOF : L’édito politique d’Europe 1, bonjour Claude Askolovitch… Nicolas Sarkozy a relancé sa guerre contre l’insécurité... Opérations coups de poing dans 25 quartiers ciblés, renforts policiers en seine Saint-Denis et fouille des cartables dans les écoles... Le Président a choisi la ligne dure, Claude...

C.A : C’est la ligne Sarkozy... sans surprise... c’est la ligne cap vers 2012 aussi, parce que ce thème de la sécurité, c’est un axe de reconquête de l’opinion... Ce qui est intéressant... politiquement, c’est la manière dont Nicolas Sarkozy décline sa ligne... et la manière dont il veut échapper à la mise en cause de son bilan... Monsieur sécurité, depuis 2002, c’est lui ! Donc, on penserait naturellement qu’il défendrait ce bilan... il pourrait dire que tout ne va pas si mal... Or il a fait exactement le contraire... Il a délibérément présenté la situation de manière alarmiste. Il parle d’une augmentation de la délinquance, en mars, en avril et en mai... et de mauvais chiffres à venir... Mais ce n’est pas du tout ce que disent les chiffres officiels... Pour l’observatoire national de la délinquance, qui trouve que globalement... la situation s’améliore !

MOF : Vous voulez dire que Nicolas Sarkozy exagère l’échec de sa propre politique...

C.A : Il le dit lui-même avant qu’on ne lui en fasse le reproche... et s’il le dit, c’est qu’il n’est pas responsable... Le Président a demandé un grand plan de prévention de la délinquance, en expliquant qu’on n’avait rien fait sur ce sujet depuis 2006... Donc quand il était place Beauvau... C’est une pierre dans le jardin de ses ministres, évidemment... Il y a une constante chez Nicolas Sarkozy... Il veut toujours être du côté du peuple contre les autorités, les administrations, les statistiques... Contre toutes les élites qui édulcorent la réalité... Entre un chiffre rassurant et un fait divers, il faut choisir le fait divers, la vérité ressentie, la vérité charnelle des gens... Ca obéit chez Nicolas Sarkozy aussi bien à la stratégie qu’à la sincérité... Ca nourrit aussi un discours... que le Président utilise sans jamais se lasser... Hier, il a ressorti le thème de l’angélisme des élites... Les élites qui pensent que la pauvreté joue un rôle dans la délinquance, ou les élites qui font la fine bouche devant les portiques anti-armes devant des écoles... Quand on entendait Nicolas Sarkozy... on se demandait dans quelle mesure il ne mettait pas sa propre ministre de l’intérieur dans le camp des "angélistes"... ce qui serait injuste !

MOF : Et la gauche, elle fait partie des angéliques que dénonce le président... ?

C.A : Ca, ce serait le rêve de l’Elysée... La gauche a intérêt à déjouer le piège en faisant parler ses élus de terrains, ceux qui reprocheront son échec à Nicolas Sarkozy. Mais il y a toujours à gauche un vrai problème avec l’idée même de la sécurité et l’ordre...