L'édito politique de Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le spectre d'Olivier Besancenot

MOF : L’édito politique d’Europe 1, bonjour Claude Askolovitch… Le premier mai historique est arrivé... avec une mobilisation énorme attendue dans toute la France... Mais on va aussi beaucoup penser à un absent tout à l’heure...

C.A : Un spectre hantera la manifestation... celui du trotskisme et d’Olivier Besancenot, absent de Paris mais pas de France... puisque les Antilles, c’est la France... Mais Besancenot qui manifeste en Guadeloupe avec le LKP, le collectif contre la profitation, est évidemment allé chercher et montrer autre chose chez les amis d’Elie Domota... Pas de l’exotisme, mais un modèle de lutte sans concession, une grève générale avec une escalade verbale, et parfois... des pressions physiques... mais qui ont fait reculer le patronat et le pouvoir... Le LKP est une preuve pour Besancenot que seule la lutte est paysante, et qu’il faut ra-di-ca-li-ser le mouvement... notamment dans des grèves... ne pas se contenter de simples manifestations programmées à l’avance... comme les syndicats les organisent, dans la force et dans l’unité... mais sans obtenir pour l’instant de résultats concrets...

MOF : Bernard Thibault et la CGT se montrent agacés par Besancenot, comme s’ils redoutaient son influence?

C.A :L’agacement est le mot juste... parce que Besancenot ne prend aucun risque à faire de la surenchère... tandis que la CGT, et les salariés... paieraient le prix fort, s’ils allaient à la grève et finissaient par perdre ! Mais en même temps... Thibault sait que la radicalité... existe dans la société... et dans les milieux ouvriers... et depuis longtemps. Il y a eu les années Arlette Laguiller... il y a désormais les années Besancenot... qui tient toujours le même discours : seule la lutte même minoritaire, même désespérée en apparence, peut payer... Besancenot et Laguiller ne déclenchent rien mais ils sont des preuves... d’une envie d’en découdre... qui existe aussi dans la CGT. Et le problème de Bernard Thibault, c’est que lui ne croit pas forcément que la guerre sociale serait payante... par exemple, elle briserait immédiatement le front syndical...

MOF : Mais les syndicats ont rarement été aussi forts qu’en ce printemps...

C.A : Evidemment. beaucoup plus forts par exemple que les partis politiques... Mais encore faut-il que la force serve à quelque chose ! Le choix des syndicats, c’est de demander un changement de politique économique... mais si rien ne vient, que restera-t-il... sinon le soupçon d’un jeu de dupes ?... Le paradoxe, c’est que plus il y a du monde dans la rue... plus cela peut rassurer le gouvernement. quand les salariés défilent en bon ordre le jour de la fête de travail, ils ne sont pas en train de se révolter... Mais la question pour le pouvoir comme pour Thibault... c’est de savoir combien de temps cette équation va tenir. Il y a eu cette semaine un ce sondage... SOFRES Europe 1... qui montrait que majoritairement les français rejetaient la violence et voulaient d’abord faire confiance aux syndicats.... Mais qui montrait aussi que 17% d’entre eux, presque 1 français sur 5... étaient prêts à séquestrer un patron... Les syndicats en garants de la paix civile... c’est excellent, mais pour que ça dure... il faut donner des victoires aux syndicats.